L’évaluation en deux étapes

Jessica Bérubé, chargée de cours au Département d’informatique et de mathématique

Depuis plusieurs années, je me questionne sur mes évaluations et, surtout, sur l’après-évaluation. En particulier, lorsqu’un étudiant n’a pas réussi ou a partiellement réussi un numéro dans un examen, j’évalue qu’il n’a pas maîtrisé cette matière, mais qu’est-ce qui se passe ensuite ? Malgré les rétroactions en classe et les quelques étudiants qui viennent voir leur examen, il m’a semblé que je pouvais faire mieux et consolider davantage. D’autre part, j’ai donné mon premier cours en classe inversée à l’hiver dernier, et je trouvais qu’un examen traditionnel ne cadrait pas avec l’apprentissage collaboratif que je souhaitais expérimenter. C’est lors de mes recherches que je suis tombée sur un article portant sur l’examen en deux étapes (two-stage exam).

L’examen en deux étapes se divise en deux parties (!). La première, c’est l’évaluation individuelle, plus traditionnelle. Bien important, les étudiants doivent remettre leur copie à la fin du temps accordé. Dans un deuxième temps, les étudiants refont l’évaluation, la même ou une autre version (allégée et/ou plus difficile), mais en équipe de trois à quatre étudiants. Bref, on utilise les inévitables discussions de corridor des étudiants après un examen, mais dans un contexte plus constructif et encadré ! Ainsi, selon l’importance de l’évaluation, une partie de la note est octroyée pour la portion individuelle et une autre pour la portion en équipe (50 % – 50 % pour une évaluation de faible importance et jusqu’à 85 % – 15 % pour les évaluations plus importantes). De même, le pourcentage de temps alloué pour chacune des parties de l’évaluation va dépendre du pourcentage accordé aux portions (50 – 50 pour une évaluation de faible importance et jusqu’à 2/3 – 1/3 pour les évaluations plus importantes).

Il y a plusieurs avantages à l’utilisation de cette méthode d’évaluation. On profite de l’apprentissage par les pairs, on consolide les apprentissages, on augmente la motivation et on aide les étudiants en difficulté. Cependant, il est certain que le temps de correction de l’enseignant est augmenté — bien que les copies ajoutées soient généralement de bonne qualité et se corrigent beaucoup plus rapidement que les copies individuelles — et que le nombre de questions de l’examen s’en trouve diminué afin d’accorder du temps pour la partie en équipe. Ajoutons à cela la gestion des mesures d’accommodement des étudiants en situation de handicap qui peut s’avérer plus laborieuse.  

J’ai donc eu l’occasion de tester cette évaluation à l’hiver 2022 dans un contexte, soyons francs, somme toute idéal, c’est-à-dire dans une classe de douze étudiants du programme de baccalauréat en enseignement secondaire — profil mathématique. J’ai utilisé les mêmes évaluations pour chacune des parties en prenant soin d’avoir une ou deux questions un peu plus difficiles. J’ai personnellement utilisé la pondération 85 % pour la partie individuelle et 15 % pour la partie en équipe et j’ai donné le tiers du temps pour la seconde moitié de l’évaluation. Les discussions entre les étudiants pour la partie en équipe étaient très riches et constructives. En écoutant les discussions, j’ai pu évaluer les notions qui n’étaient pas bien comprises par la majorité de la classe et j’ai pu faire une rétroaction beaucoup plus pertinente au groupe par la suite. Bref, à la fin du cours, tous les étudiants avaient compris chacune de leurs erreurs, soit par l’enseignement par leurs pairs ou soit par ma rétroaction. J’ajouterais que le retour de mes étudiants a été très positif. Certains étudiants m’ont mentionné souhaiter expérimenter cette technique dans leur propre classe, c’est tout dire !

Voici quelques références :

La Correspondance

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