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Trucs de pro pour vos demandes de subvention

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Parmi les sources d’anxiété et d’épuisement de tout chercheur et de toute chercheuse, les demandes de subvention figurent certainement en haut de la liste. Un peu comme dans des montagnes russes, les années ressemblent bien souvent à de folles séances de compulsion pour répondre aux principaux concours de l’automne puis de l’hiver, et de joie ou de déprime à l’annonce des résultats, entrecoupées de tentatives de rattraper le retard accumulé dans les projets en cours … tout en continuant d’enseigner et de contribuer aux services à la collectivité avec énergie et motivation ! C’est ainsi que, régulièrement, plusieurs d’entre nous avons l’air de zombies errant dans les couloirs à la recherche d’on ne sait quoi !

On sait aussi que la concurrence est de plus en plus forte pour le financement aux « grands organismes subventionnaires », soit les conseils de recherche fédéraux (en particulier : Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, Instituts de recherche en Santé du Canada, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada) et les fonds de recherche provinciaux (santé, société et culture, nature et technologie). Certains fonds, comme Mitacs ont de plus grands taux de succès, mais nécessitent de travailler différemment, plus en amont et en partenariat que pour d’autres fonds.

Demander des subventions peut même parfois constituer l’essentiel du temps consacré au travail d’écriture scientifique, surtout si on apprend « sur le tas », sans support ou modèles de ce qui est attendu. Cela peut alors devenir décourageant et épuisant.

Heureusement pour vous, lecteur ou lectrice de Correspondance.info, quelques « professionnel.les » des demandes de subvention ont accepté de nous donner leurs conseils pour, si ce n’est obtenir à coup sûr une subvention, au moins mettre toutes les chances de votre côté ! Nous remercions ainsi ces six collègues provenant de presque tous les départements de l’UQAC de leur généreuse réponse à notre demande assez cavalière : « quels sont vos trucs pour obtenir une subvention ? »

Ces trucs et conseils sont organisés dans les sections suivantes :


En général

Nadia Cody, Sandra Coulombe et Stéphane Allaire (DSE), professeures et professeur au Département des sciences de l’éducation

À chaque fonds subventionnaire ses codes

Tout d’abord, il apparaît essentiel de s’assurer des particularités de chaque organisme subventionnaire. À titre d’exemple, des organismes sont axés sur les priorités gouvernementales, certains accordent de l’importance aux partenariats établis avec les milieux, alors que d’autres misent sur l’innovation scientifique et pédagogique. Certains accordent une grande importance à la formation d’une relève en recherche dès le premier cycle ; d’autres sont plus sensibles à la spécialisation de personnes déjà fortement qualifiées et formées. En somme, il s’agit de bien cerner les différents enjeux et orientations qui sous-tendent chacun des concours.

Soigner le résumé

Ensuite, le résumé est d’une grande importance. Pourtant, il s’agit souvent du dernier élément qu’on rédige. La fatigue et la lassitude peuvent s’être accumulées et il est tentant de tourner les coins ronds. Or, il constitue la porte d’entrée des évaluateurs, qui ont souvent plusieurs demandes à lire. Le résumé conditionne le regard qui sera porté sur l’ensemble de la demande. Il doit donc être particulièrement facile à comprendre. Il est de bon usage de mettre l’accent sur la pertinence de ce qui est étudié, d’exposer explicitement les questions et les objectifs de recherche, de présenter de façon systématique les principales étapes du devis de recherche et de mettre en lumière les retombées.

La clarté de chaque partie

Enfin, deux éléments sont fondamentaux pour soumettre un excellent projet : la clarté de chacune des parties et le « fil rouge » qui les relie (ou “l’histoire” à raconter).

En ce qui concerne la clarté des parties, il importe d’utiliser des phrases simples, concises, et dans un vocabulaire accessible pour l’évaluateur. L’objectif est de faire en sorte qu’il puisse bien comprendre, et ce, même s’il ne s’agit pas spécifiquement de son domaine d’expertise. Aussi, l’illustration du devis de recherche, sous forme de tableaux ou de figures (si vous avez de la place…!), assure la clarté recherchée et facilite le travail de l’évaluateur.

Le fil rouge

Le « fil rouge », c’est-ce qui qui relie chaque partie aux autres ; c’est “l’histoire” à raconter. Le « fil rouge » montre la cohérence entre toutes les parties de la demande de subvention. Il permet à l’évaluateur de ne pas faire trop d’efforts pour établir les liens entre les différents éléments. La personne qui lit votre demande ne doit pas être dans l’obligation de prendre crayon et papier pour tracer lui-même le fil conducteur. Le candidat demandant un financement doit bien arrimer le tout avec des transitions facilitant la lecture et la compréhension du projet qui doit être présenté de manière détaillée, justifiée et séquencée, tout en correspondant aux standards en usage dans les travaux du même type.


Les subventions en sciences naturelles et en génie

Sara Séguin, Professeure au Département d’informatique et de mathématique

Dans le secteur des sciences naturelles et du génie, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) constituent les deux principaux organismes subventionnaires. Assez compétitifs et exigeants, les concours de ces organismes présentent des particularités que les demandeurs doivent connaître. En plus de ces fonds, l’organisme Mitacs constitue également une façon très pertinente et moins compétitive de financer des projets en partenariat avec les besoins industriels.

CRSNG et FRQNT

En sciences naturelles et en génie, deux subventions sont normalement demandées en début de carrière : la « Subvention à la découverte individuelle » (SDI) du CRSNG et l’« Établissement de la relève professorale » (ÉRP) du FRQNT. Pour la première, un projet de recherche sur 5 ans doit être écrit, avec objectifs à court et à long terme. Le financement pour « nouveau chercheur » permet aux personnes qui sont en poste depuis moins de 5 ans de bénéficier d’allégements au plan du nombre de publications et d’embaucher du personnel hautement qualifié. Le budget est proposé par le chercheur et habituellement (!), de 20 à 25K par année pour 5 ans sont octroyés au chercheur.

La seconde subvention (FRQNT), quant à elle, spécifie que le chercheur doit être en poste depuis moins de 3 ans. Habituellement, la stratégie est donc de déposer sa demande au CRSNG lors de la première année en poste, puis au FRQNT à l’année 2 et souvent de resoumettre à l’année 3, car le taux d’octroi est d’environ 40%, selon les comités. Elle est donc plus difficile à obtenir que la subvention individuelle du CRSNG. En région, cette subvention permet d’obtenir 40 000$ par année pour 2 ans, avec en plus un dégagement d’un cours par année avec attestation de l’université lors du dépôt de la demande.

Ces deux demandes disons « classiques » sont importantes en début de carrière car elles demandent au chercheur d’élaborer son premier programme en tant que titulaire de la subvention.

Pour le CRSNG, trois critères sont évalués : 1) l’excellence du chercheur 2) le mérite de la proposition et 3) la contribution à la formation de personnel hautement qualifié. Pour chacun des critères, le chercheur obtient une mention allant d’insuffisant à exceptionnel, puis la moyenne de chacun des indicateurs est effectuée afin de déterminer si le chercheur est financé ou non. Le mérite de la proposition concerne directement le projet de recherche. Celui-ci doit être clair, bien ficelé et les objectifs doivent être liés à la formation des étudiants. En début de carrière, la portion méthodologie est souvent moins bien réussie. Il est essentiel de détailler les méthodes et les algorithmes qui seront utilisés clairement, tout en gardant en tête que les évaluateurs ne sont pas nécessairement de notre domaine de recherche. Un élément qui est également souvent moins bien réussi en début de carrière est l’ampleur du projet. Trop souvent, nos premières propositions sont très ambitieuses, avec beaucoup de projets et beaucoup d’étudiants. Or, les propositions gagnent à être moins ambitieuses mais surtout réalistes au niveau de la taille des projets et de leur réalisabilité.

Ceci est encore plus important lors de l’écriture de la demande pour le FRQNT, qui est un projet de recherche élaboré sur 2 ans. L’aspect réaliste est très important pour le comité, car ce projet doit être réalisé rapidement. Une stratégie intéressante pour cette demande est de cibler un aspect spécifique qui découle de la demande SDI du CRSNG et de focuser sur un seul projet avec un ou 2 étudiants mais qui est tout à fait réalisable en 2 ans. Une des difficultés pour l’obtention de cette subvention est le faible taux d’octroi. Ainsi, les chercheurs qui ont une note très élevée pour l’excellence seront souvent placés en tête de peloton, donc seront plus facilement financés même avec une proposition de recherche plus faible.

Mitacs

Les subventions Mitacs ont un taux d’octroi d’environ 90%. Elles nécessitent du démarchage de la part du chercheur, car ce sont des subventions industrielles qui visent à faire des projets avec des entreprises. Donc, il faut se faire des contacts et trouver des entreprises qui sont prêtes à financer des projets de Recherche et Développement. En règle générale, si la demande est bien écrite, que le projet est réaliste dans les temps, que l’entreprise finance et qu’en plus, un.e étudiant.e est recruté.e, alors la demande est acceptée. L’écriture en soi n’est pas très longue car on écrit une demande pour le projet ponctuel et à force d’expérience, on devient plus rapide. De plus, les représentants Mitacs peuvent nous aider avec le budget et les tableaux détaillés, en plus de faire le pont avec l’entreprise. Il faut habituellement compter 8 semaines entre le dépôt et l’acceptation de la demande, car une évaluation par les pairs est toujours réalisée. Pour les étudiantes, ce sont de très belles expériences, car ces subventions les obligent à effectuer leur temps de recherche dans les locaux de l’entreprise.

Quels trucs ?

En tant qu’évaluatrice de demandes, je m’attends à pouvoir comprendre le projet de recherche, même si ce n’est pas mon domaine. En gros, ce que nous voulons voir est la capacité du chercheur à mener son projet à terme. Si la demande est claire, réaliste, que le nombre d’étudiants est viable et si la méthodologie et le découpage des objectifs est clair, alors tous les ingrédients sont là pour le projet soit un succès. Si, au contraire, je ne comprends pas le sujet ou les objectifs, c’est peut-être qu’ils ne sont pas clairs pour le chercheur non plus! Le lien entre les objectifs, les étudiants et la chronologie du projet doit aussi être évident et cela démontre que le projet a été réfléchi.

Pour ce qui est du critères excellence du chercheur, hélas, seul un bon dossier de publications scientifiques et de participation à des colloques, et des subventions octroyées permettent de renflouer notre dossier. Pour ce qui est du critère personnel hautement qualifié, il est primordial de toujours avoir quelques étudiants en recherche afin de diplômer de façon régulière. De plus, la philosophie d’encadrement doit démontrer que le chercheur est disponible pour ses étudiants.

Pour ma part, j’essaie toujours de diviser mes projets en 2 ou 3 objectifs avec 2 ou 3 sous-objectifs chacun. Par la suite, je fais clairement le lien entre chaque sous-objectif et chaque étudiant proposé. Cela démontre que le projet est clair, et surtout qu’il peut être divisé de façon logique entre les étudiants. Peu importe l’organisme subventionnaire, les évaluateurs recherchent ces éléments. À force d’écrire des projets nous devenons meilleurs, et tout le monde peut développer sa propre recette gagnante, il suffit d’expérimenter !

En début de carrière, il peut être bien d’approcher des collègues pour co-diriger des étudiants à la maîtrise par exemple, car ils diplôment rapidement et cela permet d’avoir du PHQ dans son dossier. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à nos collègues plus expérimentés. Leur demander des exemples de demandes de subventions acceptées, et surtout de faire relire nos propres demandes. Tous les commentaires sont bons à prendre, et il ne faut surtout pas sous-estimer l’expérience de nos collègues.


Les subventions en santé et en sciences humaines

En sciences humaines et sociales comme en santé, selon le sujet et l’approche privilégiées, deux choix majeurs s’offrent à nous pour demander un financement de recherche : les Instituts de recherches en santé du Canada (IRSC) si la santé est au cœur du projet, ou le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), pour… tous les autres sujets ! Comme mentionné par mes collègues un peu plus haut, il est important de bien comprendre les particularités de ces deux organismes fédéraux qui ont chacun leur culture propre.

IRSC

Jacinthe Dion, professeure de psychologie au Département des sciences de la santé

Dans les concours de cet organisme, le CV compte pour beaucoup… et malheureusement pour les “nouveaux”, avoir déjà eu un IRSC augmente vos chances d’en avoir un autre! Le premier est le plus difficile à avoir.

Quelques trucs :

  • Il est possible d’inscrire plus qu’un chercheur principal dans la demande. Si vous êtes novice, je vous suggère de soumettre une demande avec un.e autre chercheur.e principal.e, mais qui a un CV « béton » (on peut même être trois cochercheurs principaux!), mais avec qui vous vous entendez bien et avec qui il est agréable de travailler.
  • Tentez votre chance dans les appels « spéciaux » ; les taux de succès sont minces aux IRSC, moins de 15% aux concours réguliers ; mais lors des appels thématiques, ce taux peut monter jusqu’à 30-35%.
  • Parfois, on veut « trop » en mettre ; il vaut mieux avoir moins d’objectifs, mais bien les expliquer ; si vous avez plus d’une étude, il est important de bien faire les liens entre les deux, que ce soit cohérent (le fameux “fil rouge” dont parlent mes collègues).
  • Adopter une méthode mixte ? J’ai remarqué que les méthodologies de type qualitatives sont de plus en plus « prisées », et même recommandées par les évaluateurs (p. ex., d’ajouter un volet qualitatif) ; mais pas « obligatoire ». Si jamais vous décidez d’ajouter un volet qualitatif à un volet quantitatif, celui-ci doit être démontré comme étant une « plus-value » et complémentaire à votre premier volet quantitatif ;
  • Il est très important que votre méthodologie soit bien appuyée, rigoureuse, les analyses statistiques bien expliquées, références à l’appui, avec analyse de puissance, etc.
  • La démonstration de la faisabilité du projet est également très importante: les IRSC sont réputés pour offrir des subventions de bons montants, mais cela s’accompagne d’une volonté de ne pas financer des projets qui n’ont pas toutes les chances de réussir.
  • Les données pilotes = un gros plus! Même si le nombre de participants à votre étude pilote est petit, cela vaut la peine de les présenter, notamment parce que vous démontrez la faisabilité de votre étude (un critère important). En outre, ce type de données peut montrer que vous avez réfléchi à différents aspects de votre recherche. Par exemple, vous pourriez utiliser ces données pour démontrer que vous serez en mesure de recruter le nombre de participants prévu dans la demande de subvention (p. ex. : En un mois, nous avons eu x participants, ainsi, il est envisageable que sur deux ans, un échantillon de x sera recruté…)

CRSH

Myriam Ertz, professeure au Département des sciences économiques et administratives

Il existe deux grands types de subventions du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) : « Savoir » et « Développement Savoir ». La seconde est davantage recommandée pour les chercheur.es en début de carrière ou pour les chercheur.es établis souhaitant explorer un domaine de recherche différent de leurs spécialités habituelles. En effet, il peut arriver que des chercheur.es établis candidatent à la subvention « Développement Savoir » pour soutenir une recherche dans ses étapes initiales. En effet, cette subvention a une valeur qui oscille entre 7000$ et 75 000$ pour une durée de 1 à 2 ans, ce qui soutient bien la recherche de chercheur.es émergents ou des projets de recherche en phase de développement.

Pour les initiatives de plus grande envergure, le programme Savoir est davantage recommandé. Toutefois, il est également plus compétitif, car il est essentiellement fréquenté par des chercheur.es établis qui ont déjà développé une expertise connue et reconnue dans un domaine spécifique. Le programme Savoir est également plus spécifique que le programme Développement Savoir, car il comporte deux volet (A et B). Le volet A prévoie des subventions de recherche plus modestes (7000$ à 100 000$), tandis que les montants dans le volet B varient entre 100 001$ et 400 000$. Dans les deux cas, les subventions durent 2 à 5 ans. Ainsi, il est recommandé aux jeunes chercheurs de candidater d’abord au volet A, puis au volet B pour, par la suite, candidater à la subvention Savoir, beaucoup plus compétitive.

Pour les jeunes chercheurs, il est recommandé de candidater d’abord à la subvention Développement Savoir pour un projet particulier, puis au programme « Relève Professorale » du Fonds de Recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC) pour un projet différent et dans l’année qui suit la demande au CRSH. En effet, il peut être difficile de mener de front deux projets différents quand on n’en est encore qu’à ses débuts en recherche.  Néanmoins, certains suggèrent de faire les deux demandes durant la première année, ce qui augmente ses chances d’en avoir au moins une des deux! De plus, il est suggéré d’avoir des projets complémentaires (ou encore deux volets d’un même projet, chacun étant financé par un organisme). Par exemple, le chercheur s’intéressant à la thématique X pourrait avoir un projet auprès d’une population, et l’autre, auprès d’une autre population, mais les deux portant sur la thématique X; ou encore, avoir un volet qualitatif, et un volet quantitatif.

Il est aussi possible d’appliquer aux concours CRSH connexion (pour l’organisation de congrès/rencontres de chercheurs) ou CRSH engagement partenarial (pour un projet de recherche en partenariat avec un organisme). Ces deux concours reviennent 4 fois par année et permettent d’aller chercher une subvention d’environ 25 000$. Le taux de succès de ces concours est beaucoup plus élevé que les autres concours du CRSH et peuvent être intéressants pour accroître son réseautage (connexion), débuter des recherches en partenariat (engagement partenarial) et ajouter quelques lignes à son CV pour l’obtention de plus gros fonds par la suite. D’ailleurs il existe deux autres concours : CRSH développement de partenariat et CRSH partenarial. Si vous vous intéressez aux recherches réalisées avec plusieurs partenaires, c’est une avenue intéressante! Il est d’ailleurs suggéré de débuter avec l’engagement partenarial, suivi du développement partenarial, et enfin du CRSH partenariat. Pour ce dernier, le concours est très compétitif. Il demande d’avoir de nombreux partenaires, une équipe très solide et vaste, mais qui permet d’aller cherche 2,5 millions pour 7 ans!

Quelques trucs :

Voici en vrac quelques trucs et astuces pour augmenter vos chances de distinguer votre projet et d’obtenir le financement demandé :

  • Dans votre budget : remplacer le budget prévu pour un.e coordonnatrice de recherche, par un.e étudiante. En effet, une proportion trop élevée de salaire pour les professionnels de recherche peut entraîner le refus de votre demande. La formation étudiante est très valorisée au CRSH (nettement plus que dans d’autres organismes, les IRSC par exemple)
  • Pour les jeunes chercheur.es candidatant à la subvention « Développement Savoir », il est important de bien démontrer comment le projet de recherche proposé s’arrime ou prolonge la thèse de doctorat ou les recherches menées au postdoctorat. Cela permet de bien démontrer la spécialisation du chercheur ainsi qu’une certaine cohérence dans le parcours de recherche.
  • Pour les jeunes chercheur.es, il peut être préférable de candidater à titre de chercheur.e principal.e pour une subvention « Développement Savoir » pour développer un projet de recherche prolongeant son sujet de thèse ou ses sujets de postdoctorat, puis de candidater au volet A de la subvention « Savoir » afin de consolider son positionnement dans ce champ de recherche, pour enfin avoir toutes les chances de son côté afin de candidater à la subvention « Savoir » volet B.
  • En lien avec le point précédent, il est fortement recommandé, dans la mesure du possible, d’intervenir à titre de co-chercheur voire collaborateur dans d’autres demandes de subvention peu importe le programme ou le volet afin de renforcer son expertise en recherche ainsi que son dossier pour des demandes de subventions futures. Même si les subventions à titre de co-chercheur ont moins de poids, elles indiquent toutefois une très bonne implication et expertise en recherche, ce à quoi les évaluateurs sont assez sensibles.

Être chercheur.e principal.e d’une demande d’équipe

Hélène Vézina, professeure de démographie au Département des Sciences humaines et sociales

Qu’il s’agisse d’une équipe composée d’un petit ou d’un grand nombre de membres, voici quelques suggestions qui, souhaitons-le, pourraient améliorer vos chances de succès et rendre l’expérience de préparation de la demande la plus agréable possible. Comme c’est souvent le cas, ces suggestions sont basées sur notre expérience des bons coups mais aussi sur de moins bons constatés a posteriori. Ces réflexions proviennent surtout d’expériences dans la préparation de demandes déposées à la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) dans le but de poursuivre le développement du fichier BALSAC que ce soit en y intégrant de nouvelles données ou en mettant en place des partenariats avec d’autres infrastructures de recherche.

  • Au démarrage :

Le plus rapidement possible après avoir formé l’équipe, fournir un plan et un calendrier de réalisation des diverses parties, et préciser à chaque chercheur.e ce qui est attendu de lui ou elle comme contribution à la préparation de la demande.

  • Pendant le montage de la demande :

Tenir des rencontres régulières de l’équipe : idéalement fixer un moment précis à chaque semaine ou 2 semaines selon les besoins et les étapes et indiquer à chaque fois quelques jours auparavant quels seront les sujets traités (et si vous le jugez pertinent quels chercheurs doivent sans faute être présents). J’ai constaté qu’il était plus facile et efficace de tenir des rencontres fréquentes mais fixées à l’avance et d’assez courte durée (1h, 1h30).

  • Dans l’élaboration du budget :

Ne pas sous-estimer le temps (et donc le montant) qui seront nécessaires pour la coordination de l’équipe par un ou une professionnel.le ou un étudiant.e de cycles supérieurs. Quand on sous-estime, ça retombe dans la cour du chercheur principal et ça peut être très demandant.

  • Pour la rédaction finale :

Les suggestions s’appliquent en fait à toutes les demandes mais certains points sont sans doute plus pertinents pour les demandes auxquelles plusieurs chercheur.e.s ont participé.
D’abord comme il a été indiqué par d’autres, deux aspects sont cruciaux : le lecteur doit saisir rapidement le fil conducteur de la demande et ne pas le perdre avant la fin. Aussi quel que soit le sujet, la demande doit être agréable à lire ce qui veut dire bien structurée et fluide, avec un nombre suffisant de points et sous-points (mais pas trop non plus), un nombre approprié de paragraphes (ni trop courts, ni trop longs), des phrases bien construites et pas trop longues (sans être simpliste : une phrase = une idée). Ne jamais oublier que les évaluateurs liront plusieurs demandes, et surtout si votre demande est lue parmi les dernières, le style et la présentation peuvent faire une différence dans le classement de votre projet.

Dans une demande d’équipe, lorsque chacun a envoyé sa partie, il faut retravailler (lire et relire et encore relire) le texte afin d’améliorer si nécessaire la clarté et la fluidité du texte. La relecture permet aussi d’uniformiser le style et la présentation en insérant au besoin des phrases en début ou fin de section pour faire le lien d’une partie à l’autre. Je fais aussi une recherche sur des expressions comme « rendre possible » ou « permettre de » et, si elles sont trop souvent utilisées dans un paragraphe ou une section, je les remplace par d’autres termes. Pour des termes plus précis (concepts par exemple), il est à l’inverse parfois nécessaire de s’assurer que c’est toujours le même mot qui est utilisé pour désigner la même chose pour que ce soit clair pour l’évaluateur. Il est aussi parfois utile de répéter des phrases ou parties de phrase à quelques reprises dans le texte pour bien faire passer les messages principaux et rappeler le fil conducteur. Enfin, concernant le choix des mots, il est certain qu’il faut chercher à convaincre et même se démarquer mais je suggère de ne pas abuser de termes comme « unique », « exceptionnel », « inégalé ». Ça peut devenir un peu irritant.

Finalement, si on souhaite que les membres de l’équipe puissent relire la demande avant son dépôt, il faut s’assurer d’avoir un premier jet complet assez longtemps avant la date de dépôt pour qu’ils disposent d’un temps raisonnable pour relire et commenter sinon c’est un peu frustrant pour tous…


Conclusion

Que l’on dépose sa première demande ou que cela fasse partie de nos… rites saisonniers, tout le monde gagne à prendre les conseils et les trucs des collègues. En particulier les conseils venant de l’expérience de personnes subventionnées ou évaluatrices de demandes dans les « grands organismes subventionnaires ». Ces trucs et conseils peuvent faire une réelle différence. Merci donc à ces collègues qui ont généreusement partagé quelques trucs et conseils de pro! Certainement que les personnes nouvelles en recherche ne pourront se satisfaire de ces conseils épars…

Le mentorat peut alors constituer une avenue intéressante pour guider les chercheurs émergents vers les bonnes pratiques. Par exemple, au département des sciences économiques et administratives (DSEA), il a récemment été développé une initiative de parrainage/marrainage visant à jumeler une nouvelle ou un nouveau professeur.e avec une ou un professeur.e établi, prioritairement dans le même domaine. L’objectif est d’accompagner la nouvelle personne embauchée dans les trois volets de la tâche et notamment d’aiguiller vers les bonnes pratiques en rédaction de demandes de subventions et ce, tant pour les subventions des organismes subventionnaires que pour celles des centres / chaires / réseaux / unités de recherche, des associations professionnelles, des gouvernements ou encore des agences internationales ou supranationales. Cela peut se faire de différentes manières, de discussions informelles au partage de documentation pertinente voire de demandes de subventions acceptées…

Une initiative à déployer plus largement?