S'intégrer à l'UQAC

Montréal – Chicoutimi en passant par Sept-Îles

Khalil Rhaiem, professeur au Département des sciences économiques et administratives

À la demande de l’équipe éditoriale de Correspondance, j’ai accepté de présenter mon parcours original d’intégration à l’UQAC. Je tenterai donc ici d’identifier en quoi certains éléments ont été favorables et d’autres mériteraient quelques améliorations, afin de faciliter l’intégration de futurs collègues.

Je me présente Khalil Rhaiem, Professeur de stratégie au sein du département des sciences économiques et administratives (DSEA).  J’ai obtenu ma maîtrise et mon doctorat en sciences de l’administration de l’Université Laval. Aussi, j’ai réalisé un stage postdoctoral de deux années à HEC Montréal, et membre de la chaire de recherche en innovation et développement régional (HEC Montréal). Mes recherches s’inscrivent dans le domaine du management stratégique de l’innovation, et mes publications sont parues dans plusieurs journaux arbitrés.

À travers ce témoignage, je souhaite partager une expérience d’intégration unique vécue à l’UQAC. En moins de deux ans, j’ai eu l’opportunité de travailler sur deux campus (Sept-Îles et Chicoutimi). L’histoire à commencé durant l’été 2022, lorsque j’ai quitté HEC Montréal pour intégrer le campus de Sept-Îles. Ce déménagement vers la Côte-Nord représentait à la fois un défi académique et une aventure personnelle. J’ai eu l’occasion de découvrir une nouvelle région du Québec, de rencontrer des personnes agréables et de construire une nouvelle vie. La vie à Sept-Îles est très différente, avec un environnement calme et agréable, bien que l’accès aux services pour la famille soit parfois limité : logement, transport, etc. Cependant, cela n’a pas entravé mon intégration dans ce nouveau milieu.

Sur le plan académique, la transition d’un environnement universitaire dynamique à un campus émergent s’est avérée difficile. Dès les premiers jours en poste, je me suis confronté à plusieurs défis, notamment l’accès aux services pédagogiques, à l’information et à l’assistance technique. Le principal obstacle était l’absence d’une direction départementale sur place ainsi que l’éloignement de mes collègues du DSEA. En conséquence, les processus de socialisation et d’apprentissage informel étaient inexistants dans ce contexte. Or, selon plusieurs études académiques, ces interactions sociales sont essentielles pour favoriser l’intégration des nouveaux professeurs. Pour remédier à cette situation, j’ai planifié quelques visites à Chicoutimi afin d’assister à des assemblées départementales et partager mes recherches avec mes collègues.

Au campus de Sept-Îles: Jonathan Binet (prof en travail social), Valérie Legendre-Guillemin (doyenne des affaires départementales), Joanie Desgagné (prof en éducation) et Khalil Rhaiem (prof en management)

Bien que le campus de l’UQAC à Sept-Îles existe depuis des années, nous étions la première cohorte de professeurs réguliers engagés sur place. Il s’agit d’un campus moderne offrant toutes les conditions propices à la réussite des activités d’enseignement. Cela m’a permis de diversifier les approches pédagogiques utilisées dans mes cours. Le défi résidait plutôt dans l’instauration d’une nouvelle culture de recherche dans l’établissement. De plus, la mission de tisser des liens de confiance avec les acteurs économiques de la région. Or, ce sont des défis assez complexes pour un nouveau professeur, et ceci indépendamment du campus d’affiliation. Ma stratégie était la suivante : avec l’absence de barrières structurelles sur ce campus, j’ai capitalisé sur la proximité avec mes nouveaux collègues sur place pour initier de nouveaux projets et progresser ensemble.

Certains défis académiques ont été partagés avec la haute direction de l’UQAC. Heureusement, une écoute attentive a été observée, avec l’instauration de mesures concrètes pour soutenir la réussite des professeurs. Par exemple, afin de garantir un accès équitable aux ressources dédiées à la recherche, le DRCI a initié la bonification de plusieurs budgets, notamment pour les déplacements depuis Sept-Îles et les projets de collaboration inter-campus, etc. De plus, la présence régulière de la haute direction de l’UQAC (Rectorat, DAD, DRCI) à Sept-Îles, a permis l’instauration d’une certaine sécurité psychologique chez les nouveaux professeurs.

L’histoire de mon intégration va au-delà de l’expérience à Sept-Îles. Pour mon cas, j’ai dû faire face à l’absence d’offre régulière de cours dans mon domaine de spécialisation. Alors, j’ai ciblé des activités d’enseignement sur le campus principal. Il s’agit d’une expérience enrichissante qui m’a permis de contribuer aux activités d’enseignement du DSEA dans le domaine de la stratégie. Par contre, la situation a compliqué la conciliation de ma vie professionnelle avec ma vie personnelle, en raison des déplacements fréquents vers Chicoutimi. Depuis le 1er décembre 2023, j’occupe le poste de professeur de stratégie au campus principal. Aujourd’hui, j’arrive à concentrer mes efforts et contributions sur un seul campus.

Je pense que les deux cadres de travail sont différents. À Sept-Îles, le temps d’adaptation est plus long, et il est important de bien orchestrer les trois composantes d’une tâche professorale pour réussir pleinement. À Chicoutimi, le processus est relativement plus simple et naturel. En effet, le contexte général facilite l’intégration à travers plusieurs aspects : la présence des collègues sur place, la facilité d’accès aux services et ressources de l’UQAC, etc.

D’une manière générale, mon intégration s’est bien passée. Je tiens à souligner la qualité du parrainage que j’ai reçu. J’ai eu la chance d’être parrainé par un professeur qui possède plusieurs années d’expérience à l’UQAC. Il a occupé des postes de direction et administratifs, et s’implique également au sein du syndicat de l’UQAC. J’ai bénéficié de sa maîtrise des rouages académiques, ainsi que de son soutien et de sa disponibilité, ce qui m’a permis de bien m’intégrer sur les deux campus. À travers ce témoignage, j’espère pouvoir contribuer à l’amélioration des processus d’intégration des nouveaux professeurs.

À ce titre, j’encouragerais les mesures suivantes :

  • Bonifier les efforts de la haute direction de l’UQAC par des initiatives départementales. Par exemple, prévoir davantage de visites régulières aux campus périphériques serait très bénéfique pour les nouveaux professeurs;
  • Le choix du parrain est délicat dans les processus d’intégration. Plusieurs critères doivent être pris en compte: l’expérience, le leadership, la disponibilité et surtout la connaissance de la région;
  • Jumeler les efforts des départements présents sur les campus périphériques. Par exemple, privilégier les initiatives inter-départementales pour une plus grande efficacité.

En rédigeant cet article, je constate tout le chemin parcouru et souhaite vivement que les leçons tirées de mon expérience puissent servir au prochain. J’espère également qu’il permettra à l’administration de l’UQAC de trouver des moyens de faciliter l’accueil et l’intégration de futurs collègues, notamment lorsqu’ils sont embauchés sur le campus de Sept-Îles.

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