Bien-être et enseignement, Pédagogie

L’examen oral, un outil d’évaluation rentable en termes de temps et de bienêtre

Joëlle Duval, Professeure en enseignement aux élèves à risque au DSÉ

Au cours des derniers mois, nous avons été encouragés à nous « réinventer ». Pour ma part, ma réflexion m’a menée à repenser l’évaluation finale d’un de mes cours. En effet, ma fin de trimestre de l’hiver 2020 m’avait laissé l’impression que mes étudiants avaient possiblement plagié leur examen écrit, et je cherchais, depuis peu, un moyen d’amener mes étudiants à réfléchir à leurs apprentissages. Ma réinvention a finalement pris la forme d’un examen oral final. Dans les prochaines lignes, la structure de cet examen oral, ses contextes d’expérimentation, son organisation, son déroulement et son évaluation seront présentés.

Mon examen oral était structuré en deux parties : une question obligatoire et huit questions parmi lesquelles j’en tirais une au hasard lors de l’examen. Il s’agissait d’une évaluation individuelle à laquelle j’ai accordé 15 % de la valeur du trimestre. J’ai eu la chance d’expérimenter ce type d’évaluation dans deux contextes différents, c’est-à-dire dans un cours régulier étalé sur 15 semaines (47 étudiants) et dans un cours intensif concentré sur 9 semaines (36 étudiants). Dans chacun de ces contextes, les étudiants ont reçu les explications entourant l’examen oral plusieurs semaines avant sa tenue. Les étudiants ont donc préparé la question obligatoire visant l’élaboration d’une carte conceptuelle qui faisait la synthèse du cours ; lors de l’examen, ils devaient me la partager et me l’expliquer. Ils devaient aussi préparer les réponses des huit autres questions. Dans le cours régulier, j’ai présenté l’examen oral un mois avant sa tenue : j’ai donc expliqué son déroulement ainsi que les deux parties de l’examen. Dans le cours intensif, j’ai plutôt expliqué le déroulement de l’examen oral ainsi que la question obligatoire dès le premier cours. J’ai aussi précisé que je remettrais les huit autres questions au fur et à mesure que leur thème serait abordé pendant le trimestre.

            Pour organiser cet examen oral, j’ai utilisé l’activité Rendez-vous sur Moodle : examens de 15 minutes et transitions de 5 minutes entre chaque étudiant. Par ailleurs, j’ai offert plus de plages horaires que nécessaire aux étudiants afin qu’ils puissent faire leur examen au moment qui leur convenait le mieux : en avant-midi, en après-midi ou en début de soirée. Pour assurer son bon déroulement, j’ai demandé aux étudiants de se connecter quelques minutes avant leur rendez-vous et de patienter dans la salle d’attente de Zoom. J’ai aussi exigé de voir leur carte étudiante parce qu’avec l’enseignement à distance, je n’avais pas vu souvent le visage de certains étudiants pendant le trimestre. Ils devaient, bien entendu, avoir une caméra et un micro ouverts pendant l’examen et ils ne pouvaient me faire la lecture de leur réponse préalablement préparée. En effet, l’examen oral se déroulait plutôt sous la forme d’une discussion.

            Lors de l’examen oral proprement dit, chaque étudiant avait un maximum de 10 minutes sur les 15 minutes prévues pour me partager sa carte conceptuelle et, surtout, établir des liens entre les thèmes abordés pendant le trimestre. Comme les étudiants étaient bien préparés, je n’ai presque pas eu à leur poser de questions complémentaires. Pour procéder au tirage de la deuxième question de l’examen, j’avais préparé des cartons correspondant aux numéros des questions. Je pigeais donc une question devant la caméra et j’en partageais le libellé à l’écran. Ils avaient entre deux et quatre minutes pour y répondre. Si la réponse était incomplète, je leur posais une ou des questions pour que je puisse les accompagner dans leurs apprentissages et qu’ils puissent obtenir plus de points.

Pour me permettre d’évaluer le plus justement possible mes étudiants, j’ai préparé le corrigé de chacune de mes questions. Je savais alors ce que je cherchais comme réponse et je pouvais anticiper les erreurs qu’ils pourraient faire. Pendant l’examen, je prenais le plus de notes possible pour être en mesure de justifier le résultat que j’allais accorder à chacun des étudiants. De plus, pour éviter qu’ils aient des surprises à la réception de leur résultat, je leur formulais des commentaires une fois l’examen terminé. J’ai eu recours aux trois mêmes critères d’évaluation pour chacune des deux questions. Ceux-ci sont fort simples et faciles à comprendre et ils m’ont permis d’évaluer rapidement les réponses données :

  1. Qualité et pertinence de la réponse et des liens établis : 5 points 
  2. Vulgarisation des connaissances, clarté des propos, esprit de synthèse : 3 points 
  3. Communication professionnelle (débit, vocabulaire spécifique au cours, qualité de la langue) : 2 points 

Les résultats obtenus ont presque tous été excellents, car les étudiants ont mis beaucoup d’efforts pour être fin prêts pour cette évaluation.

Enfin, certains avantages et inconvénients ressortent de ces expérimentations. Du côté des avantages, je trouve que les étudiants se sont davantage engagés dans cette évaluation qu’ils ne le font habituellement dans un examen écrit. L’orgueil y est probablement pour quelque chose… De plus, ils ont fait une véritable synthèse du cours en préparant la carte conceptuelle et ils ont pris la mesure des apprentissages faits tout au long du trimestre. Enfin, chose à ne pas négliger, je n’ai pas eu de longues heures de correction à la suite de cet examen oral. Quant aux inconvénients, il a fallu que l’examen donné dans le cours intensif soit prêt dès le début du trimestre pour donner le temps nécessaire de préparation aux étudiants. De plus, comme enseignante, je devais être très alerte en tout temps pour pouvoir les évaluer correctement. Puis, consacrer 15 minutes à 36 ou à 47 étudiants auxquels s’ajoutent les moments de transitions monopolise beaucoup de temps dans une même semaine. Toutefois, je demeure convaincue que je n’ai pas passé plus de temps à faire des examens oraux que j’en aurais mis à corriger des examens écrits.

            En conclusion, je considère que j’ai réussi à rentabiliser mon temps avec ce type d’évaluation, ce qui a contribué à mon bienêtre. Par ailleurs, le fait d’avoir constaté que mes étudiants avaient fait de plus grands apprentissages a également amélioré mon bienêtre.