Michel Roche, professeur de Science politique au Département des sciences humaines et sociales
À mon arrivée à l’UQAC en 2006, j’ai été frappé par la répartition des heures d’enseignement : des sessions de 16 semaines avec des cours de 2h45[1], incluant la semaine de relâche et les pauses. J’avais enseigné à l’UQAM, à McGill et à l’Université d’Ottawa. Sauf exceptions telles l’UQAT et l’UQAR, la majorité des universités du Québec offrent un horaire de 15 semaines, semaine de relâche (ou de lecture) comprise, avec des cours de 3 heures, dans les programmes réguliers. Cette différence avec l’UQAC est significative. Une telle répartition du temps d’enseignement nous impose une rentrée à la fin d’août plutôt qu’au lendemain de la Fête du travail, comme c’est le cas pour d’autres constituantes du réseau. Cette situation ne laisse pas d’autre choix que de placer la relâche d’automne dans la semaine de l’Action de Grâce, afin d’éviter la perte de deux lundis. Après seulement cinq semaines de cours, cette relâche d’automne est plutôt mal placée alors que les étudiants n’ont vu que le tiers de la matière, mais ce n’est pas sur cet irritant que je veux attirer l’attention.
Faisons le calcul. À l’UQAC, le trimestre en cours a commencé le 30 août et se termine le 20 décembre. Dans la plupart des programmes réguliers, le temps consacré à l’enseignement pour un cours de 3 crédits est de 2475 minutes, incluant les pauses de 15 minutes (Tableau 1). À l’UQAM, le trimestre d’automne a commencé le 7 septembre – 8 jours plus tard que chez nous – et se termine le 22 décembre, deux jours après notre fin de semestre. En soustrayant la semaine de lecture (ou de relâche, selon les facultés), un cours de 3 crédits dure 2520 minutes (14 X 180), et donc 45 minutes de plus pour l’ensemble du trimestre. À l’UQO, la rentrée d’automne a eu lieu le 7 septembre et se terminera le 20 décembre, pour 14 cours de trois heures et une « semaine d’études ». La situation est semblable à l’UQTR, où le trimestre d’automne a commencé le 8 septembre et se terminera le 21 décembre. Les cours y durent 3 heures. Le trimestre s’étend sur 14 semaines, auxquelles s’ajoute une « semaine de travaux et d’études » du 25 au 29 octobre. Le résultat est le même qu’à l’UQAM, avec 2520 minutes d’enseignement. À l’UQAC, on parle de « semaine de relâche » mais je crois que nous sommes plusieurs à en profiter pour donner des travaux à remettre au retour.
Institution | Début et fin de session (Automne)* | Début et fin de session (Hiver)* | Nombre de minutes d’enseignement |
UQAC | 30 août – 20 décembre | 6 janvier – 29 avril | 2475 |
UQAM | 7 septembre – 22 décembre | 10 janvier – 22 avril | 2520 |
UQTR | 8 septembre – 21 décembre | 12 janvier – 3 mai | 2520 |
UQO | 7 septembre – 20 décembre | 10 janvier – 22 avril | 2520 |
McGill | 1er septembre – 6 décembre** | 6 janvier – 13 avril** | 2250-2400*** |
UdM | 7 septembre – 8 décembre** | 6 janvier – 13 avril** | 2340 |
* Il s’agit de la plupart des programmes réguliers. Les dates peuvent varier dans certaines facultés.
** Date de fin des cours. Une période d’examens suit.
*** Temps net d’enseignement puisque les cours divisés en deux ou trois périodes par semaine ne comportent pas de pauses.
Sortons du réseau UQ et allons du côté de l’institution perçue comme la plus prestigieuse, l’Université McGill. Là-bas, un même cours sera divisé en deux ou trois périodes réparties dans des journées différentes, chose que j’ai eu l’occasion d’expérimenter. Ainsi, un cours comporte 2 périodes d’une heure et 20 minutes (160 minutes) ou 3 de 50 minutes (150 minutes). Dans les deux cas, il n’y a évidemment pas de pause à retirer. Les cours de cet automne ont commencé le 1er septembre et se termineront le 6 décembre. Ensuite, ce sera la période d’examen pour laquelle la présence des profs n’est pas requise. McGill a évidemment des moyens que nous n’avons pas. À noter qu’il n’y a que deux jours de pause – ou de lecture – en octobre (Fall Reading Break). On y compte donc 14 semaines d’enseignement, les cours durant entre 2250 (trois périodes par semaine) et 2400 minutes (2 périodes par semaine). À l’Université de Montréal, les cours, d’une durée de trois heures, commencent le 7 septembre et se terminent le 8 décembre, ce qui donne 13 semaines de cours, une semaine de lecture et une semaine d’examens à la fin du trimestre.
Notre session d’hiver démarre le 6 janvier et prend fin le 29 avril (ou le 1er mai), une semaine plus tard qu’en d’autres institutions, toujours à cause de ces 15 semaines de cours de 2h45 auxquelles s’ajoute la relâche. À l’UQTR, la session d’hiver a pour particularité de durer une semaine de plus que celle d’automne. Elle commence le 12 janvier et se termine le 3 mai. D’où vient cette étrangeté? En hiver, la semaine de relâche est une semaine de vacances : il est formellement interdit de donner aux étudiants des travaux à faire ou même de les inciter à étudier en vue d’un examen. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel règlement à l’UQAC. À l’UQAM, la session d’hiver commence le 10 janvier pour se terminer le 22 avril (mais le 29 dans certaines facultés). Mêmes dates à l’UQO, alors que tout se termine le 22 avril. À l’Université de Montréal, la rentrée d’hiver est le 6 janvier et la fin des cours le 13 avril. Viennent ensuite les examens. À McGill, la session d’hiver commence le 6 janvier et se termine le 13 avril, ce qui donne 14 semaines de cours auxquelles on doit retirer la semaine de lecture (Winter Reading Break, 28 avril – 4 mars). Ensuite, vient la période d’examens.
Je soutiens donc qu’il vaut vraiment la peine d’ajouter ce petit quart d’heure à nos cours pour pouvoir gagner deux semaines à consacrer à nos autres tâches. Il en est de même pour nos étudiants et étudiantes puisqu’une telle situation leur enlève deux semaines dont bénéficient ceux et celles des autres universités, souvent disponibles plus tôt pour les emplois d’été. Deux semaines de revenus supplémentaires ou de repos, ce n’est pas rien.
On rétorquera peut-être qu’une prolongation d’un quart d’heure pour chaque plage horaire causerait problème. Une telle situation ne me semble guère insurmontable. La plupart des cours commencent à 8h00 pour se terminer à 10h45, et ne reprennent qu’à 13h00. Il y a là, il me semble, une période suffisamment longue pour réaménager l’horaire de l’après-midi et du soir. L’horaire des labos pourrait être revu. Ne pourraient-ils pas commencer à 8h00, et les cours à 9h00? A-t-on besoin d’une si longue période entre les cours de l’avant-midi et ceux de l’après-midi? Les cours pourraient fort bien se répartir ainsi : 8h30-11h30 (ou 9h00-12h00); 12h15-15h15; 15h30-18h30; 18h45-21h45. D’autres que moi pourraient certainement soumettre de meilleures idées sur le réaménagement de l’horaire normal. Mais il me semble que l’idée d’imiter certaines universités et de réduire ainsi les sessions à 15 semaines sans raccourcir le temps d’enseignement est tout à fait réalisable et profiterait à tout le monde, y compris, probablement, à l’administration elle-même. Je suis bien conscient du conservatisme institutionnel, mais tout ce que nous subissons depuis les débuts de la pandémie m’apparaît autrement plus perturbant et nous sommes passés à travers.
J’ose espérer que cette proposition ne restera pas sans suite. Pour qu’elle se concrétise, j’estime que nous devrions en discuter en assemblée syndicale (dès que possible) puisqu’il s’agit de l’unique organisation dont nous disposons pour le faire. Si nous nous entendons sur le principe, nous devrions ensuite chercher à obtenir l’appui des chargés/chargées de cours et du MAGE-UQAC, puis entamer des pourparlers avec la direction. En y consacrant l’énergie nécessaire, l’essentiel du travail pourrait être complété pour nous permettre une rentrée d’automne le 6 septembre 2022 au lieu du 29 août.
[1] Il est étrange que sur son site web, dans la page de l’« International », on écrive que « chaque cours à suivre dure 3 heures » : 8h00-11h00, 13h00-16h00, 17h00-20h00 (je ne connaissais pas cette plage horaire) et 19h00-22h00. En réalité, ils se terminent à 10h45, 15h45, 18h45 et 21h45. http://www.uqac.ca/bienvenue/mobilite-entrante/mes-etudes/calendrier-universitaire/
2 réflexions au sujet de “Plaidoyer en faveur d’un nouveau calendrier universitaire”
Les commentaires sont fermés.
Merci Michel pour cette proposition. On ne pense pas facilement à remettre ces petits détails de la vie quotidienne en doute. Ce changement serait mineur par rapport à la tâche d’enseignement, mais il a le potentiel de nous libérer du temps. Et on manque toujours de temps…
Je me demande cependant comment j’utiliserais la semaine d’examens puisque je ne donne plus d’examens depuis des années? Du temps pour un travail de session? Un cas à travailler? Il y a des options…
Salut Patrick. Non, il ne s’agit pas d’ajouter une semaine d’examens. Ce serait comme à l’UQAM ou à l’UQO: la dernière semaine de cours peut être utilisée pour un examen (ce que je fais déjà) ou pour un cours régulier.