Martin Lavallière, Professeur de kinésiologie au Département des Sciences de la santé.
Publications, blogues et images, les médias sociaux sont omniprésents dans la culture actuelle et les différents domaines de savoir n’y font pas exception (George, Rovniak, & Kraschnewski, 2013). Différentes personnes professionnelles et personnalités utilisent couramment ceux-ci pour se connecter aux publics, développer un réseau professionnel et diffuser des informations (Giustini, Ali, Fraser, & Kamel Boulos, 2018). Instagram peut ainsi générer une plateforme moins formelle de transfert des apprentissages et des compétences en plus de promouvoir une communauté d’apprentissage et de collaboration auprès des étudiantes et étudiants (Downes, 2010).
Pourquoi donc ne pas l’utiliser comme outil pédagogique afin de produire du contenu d’enseignement et d’interaction avec nos groupes ? Le tout dans une visée d’un meilleur engagement de leurs parts dans leurs processus d’apprentissage et d’appropriation du contenu pédagogique sortant des sentiers habituels.
Au fil des dernières années, j’ai su apprivoiser cet environnement numérique afin de générer une communauté d’apprentissage et potentialiser celui-ci comme un outil de développement des compétences pratiques. Les différents exemples présentés ci-bas pourront, je l’espère, vous permettre d’apprécier pleinement les opportunités qu’offre une telle plateforme au-delà des images que celle-ci véhicule. Cet article découle d’une publication récemment parue (Lavallière & Tremblay, 2021) publié par le Groupe d’intervention et d’innovation pédagogique (GRIIP) et qui a aussi été présenté lors du colloque annuel du CPU de l’UQAC au printemps 2021.
En tant que plateforme de réseau social, Instagram supporte un environnement de collaboration et de partage utilisable entre les étudiantes et les étudiants. Elle peut notamment servir à documenter différents phénomènes sociaux déjà publiés. Elle offre également une opportunité de générer des données en images autrement difficiles dans un contexte d’enseignement, p. ex. métiers dangereux ou emplois éloignés (Laestadius, 2016). Par exemple, en ergonomie, ces images permettent d’illustrer des séquences représentatives du travail. Le tout permet des échanges sur celui-ci et des mesures du travail observé (fréquence, posture, etc.). Instagram permet ainsi aux étudiantes et étudiants de générer le matériel faisant état de leur compréhension des savoirs auprès des pairs. On pourrait faire de même avec des mouvements sportifs chez les étudiantes et étudiants en éducation physique ou pour d’autres contextes d’interventions pour lesquels la présence des étudiants dans les milieux est difficile.
Cette potentialisation d’Instagram dans mes cours m’a surtout permis de voir les choses autrement, voir mon enseignement et mes interactions avec les étudiants sous un nouvel angle. L’utilisation d’Instagram dans les cours ouvre à une créativité toute autre, autant dans les contenus produits que dans leurs contenants et la façon dont on les présente aux étudiants. Plusieurs collègues font de même avec la création de production vidéo sur Tik Tok ou la création de Mèmes Internet[1] dans leurs cours pour dynamiser les contextes d’enseignement. Tous ces exemples représentent un renouveau intéressant dans notre enseignement et pour nos travaux de recherche qui va bien au-delà du traditionnel diaporama en classe ou du fil de presse pour mousser nos travaux de recherche.
Finalement, le contexte sanitaire actuel a mis en lumière une nouvelle fenêtre sur la recherche de par la production de savoirs scientifiques disponibles au grand public afin de lutter contre la désinformation (Del Vicarioa et al., 2016) entourant la pandémie de COVID-19. Bien que cette production de matériel pour les médias sociaux représente un ajout à nos tâches déjà bien complexe d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité, la diffusion de savoirs et de nos productions scientifiques sur ces derniers permet sans contredit de briser ce plafond, cet écran, de verre que semble représenter le milieu universitaire et la recherche pour une grande partie de la population (https://www.affairesuniversitaires.ca/conseils-carriere/conseils-carriere-article/les-medias-sociaux-au-service-de-la-recherche/).
Pour plus d’informations sur le sujet :
Del Vicarioa, M., Bessi, A., Zollo, F., Petroni, F., Scala, A., Caldarelli, G., … Quattrociocchi, W. (2016). The spreading of misinformation online. PNAS, 113(3), 554–559.
Downes, S. ( 2010). New technology supporting informal learning. Journal of Emerging Technologies in Web Intelligence, 2(1), 27-33.
George, D. R., Rovniak, L. S., & Kraschnewski, J. L. (2013). Dangers and opportunities for social media in medicine. Clin Obstet Gynecol, 56(3), 453-462. doi: 10.1097/GRF.0b013e318297dc38
Giustini, D., Ali, S. M., Fraser, M., & Kamel Boulos, M. N. (2018). Effective uses of social media in public health and medicine: a systematic review of systematic reviews. Online J Public Health Inform, 10(2), e215. doi: 10.5210/ojphi.v10i2.8270
Laestadius, L. (2016). Instagram. Dans L. Sloan, & A. Quan-Haase (Éds.), The SAGE Handbook of Social Media Research Methods (pp. 573-592). doi: https://dx.doi.org/10.4135/9781473983847
Lavallière, M., & Tremblay, M. (2021). INSTAGRAM comme communauté d’apprentissage et de développement des compétences pratiques. Le Tableau, 10(1), 2.