| Robert Dôle, Professeur d’anglais à la retraite de l’UQAC
Depuis le début de la civilisation, les gouvernements exigent que les citoyens obéissent aux lois. Maintenant il est urgent que les citoyens demandent aux gouvernements de respecter les lois car la survie de l’humanité est en jeu. Il s’agit de cinq types de loi que les politiciens actuels bafouent avec impunité. Le premier regroupe les traités internationaux signés par divers gouvernements. Le deuxième est constitué des décisions rendues par la Conseil de sécurité des Nations Unies et par les deux cours qui sont associées aux Nations-unies, c’est-à-dire la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale. Le troisième réunit les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies, qui n’ont pas la force de loi mais qui représente quand même l’opinion de la majorité des nations. Le quatrième est constitué des opinions émises par des associations internationales qui veillent à faire respecter les droits humains sans force de loi, telles qu’Amnistie internationale. Le cinquième regroupe ce que l’on pourrait appeler les lois de moralité universelles qui dérivent des traditions humanistes et religieuses.
J’aimerais donner des exemples des transgressions contre ces cinq types de loi morale que nous offre l’histoire récente. Il est toujours évident que la population mondiale se sentirait plus en sécurité et plus heureuse si ces lois n’avaient pas été transgressées.
Des traités internationaux violés
En 1994, la Russie, l’Ukraine, les États-Unis et le Royaume uni signèrent le Mémorandum de Budapest par lequel la Russie a formellement promis de respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine, de la Biélorussie et du Kazakhstan si ces trois pays donnaient leurs armements nucléaires à la Russie. La Russie a violé l’entente en 2014 par l’annexation de la Crimée qui selon la loi internationale appartient à l’Ukraine. Cette agression criminelle russe s’est répétée en 2022 par l’invasion de l’Ukraine et le début de la plus grande guerre en Europe depuis la défaite de l’Allemagne en 1945.
En 1949 Israël est devenu membre des Nations unies après avoir promis de respecter les frontières de son pays telles qu’établies par les Nations unies et de permettre aux réfugiés palestiniens de retourner à leurs anciennes résidences en Israël. Le non-respect de ces promesses est la cause des conflits au Moyen Orient.

Des cours internationales bafouées
Le deuxième type de violation du droit international fait référence aux décisions du Conseil de sécurité des Nations unies et des cours internationales. L’exemple le plus frappant de la violation des avis du Conseil de sécurité est l’invasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis et ses alliés. La justification de la guerre était le mensonge voulant que l’Irak possède des armements de destruction massive. Même après avoir admis qu’il s’agissait d’une erreur, les États-Unis continuaient leur guerre jusqu’en 2011 avec le but d’obtenir les puits de pétrole irakiens. Le bilan des morts de cette guerre s’élevait à 109,032 personnes, selon Wikileaks. Jean Chrétien est fier d’avoir empêché que le Canada participe à cette guerre et nous partageons sa fierté.
La Cour pénale internationale, sise à La Haye, a émis deux mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerres et crimes contre l’humanité. En 2023 c’est Poutine qui fut condamné et en 2024 c’est le cas de Netanyahou. Selon la loi internationale, ces deux hommes doivent être arrêtés si jamais ils voyagent dans un pays qui a signé le Statut de Rome. Le Canada a signé le traité mais les États-Unis et la Russie refusent toujours de le faire.
La Mongolie, signataire du traité, fut le premier pays à violer son engagement en invitant Poutine à s’y rendre en 2024 tout en promettant de le protéger contre toute arrestation. La Pologne fut le deuxième pays qui annonçait son intention de violer le traité de Rome quand elle a invité Netanyahou à se rendre à Auschwitz pour les cérémonies de commémoration en 2024. Heureusement il a décliné l’invitation. Le jour où Friedrich Merz fut élu chancelier de l’Allemagne en février cette année il assura à Netanyahou qu’il pouvait venir en Allemagne sans avoir peur de se faire arrêter. En d’autres mots, la Pologne et l’Allemagne se moquent officiellement du droit international. Donald Trump va plus loin encore. Il a interdit aux juges de la Cour pénale internationale de se rendre aux États-Unis en représailles de leur jugement contre Netanyahou.

Des résolutions de l’ONU inopérantes
Le troisième type de violation du droit international fait référence aux résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies. Ces résolutions n’ont pas la force légale comme c’est le cas des décisions du Conseil de sécurité, mais elles reflètent quand même un consensus d’opinion des pays représentant la majorité de l’humanité. Israël a toujours été le pays qui recevait le plus grand nombre de résolutions le condamnant. Par exemple, entre 2015 et 2023 l’Assemblée générale a adressé 154 résolutions contre Israël et seulement 71 résolutions contre tous les autres pays du monde. Le refus d’Israël d’honorer ces résolutions constitue la preuve de l’échec de la loi internationale telle qu’elle est administrée dans le monde actuel.

Des organisations humanitaires qui protestent dans le vide
Le quatrième critère pour établir la morale internationale se réfère aux organisations qui défendent les droits humains, telles qu’Amnistie internationale. En 2024 Amnistie internationale a soulevé des protestations concernant la loi 21 au Québec et aussi une nouvelle loi en Saskatchewan au sujet des élèves trans et non-binaires. Selon Amnistie internationale, l’interdiction de porter des signes religieux au travail brime les droits fondamentaux. La Charte québécoise des droits et libertés garantit la liberté de religion et la liberté d’expression à tous les Québécois, mais la loi 21 défend aux enseignantes musulmanes de se vêtir comme elles veulent. Le Saskatchewan ne permet pas que les enseignants emploient les pronoms choisis par leurs étudiants trans sans avoir la permission des parents.

Une morale universelle mise à mal
Le cinquième type de loi internationale relève des traditions humanistes, religieuses et éthiques de notre civilisation. Ce sont des valeurs morales universelles et immortelles. Elles incluent l’obligation de dire la vérité, le respect de la vie humaine, la fidélité et le respect dans les relations personnelles et la politesse. Que Donald Trump fasse une exhibition publique de ses mensonges, de ses infidélités, de sa vulgarité, de son mépris pour autrui, de son ignorance, de son anti-intellectualisme et de son arrogance nous offense tous.
Une exigence éthique et politique : agir
Donc la loi internationale est là et elle existe en plusieurs versions. Nous les peuples du monde devrions exiger de nos politiciens et de nos gouvernements qu’ils respectent cette loi. Sinon nous nous dirigeons vers encore plus de violence, de guerres et finalement une apocalypse nucléaire. Il ne faut pas oublier que Poutine et Macron ont tous les deux évoqué la possibilité d’avoir recours aux armes nucléaires dans le conflit actuel entre la Russie et l’Occident.
Si l’humanité n’apprend pas à respecter les lois internationales, elle se condamne à s’autodétruire.