L’odyssée de la pédagogie universitaire à l’UQAC

Eve Pouliot, professeure de travail social au DSHS
Nicole Monney, professeure en gestion de classe et pratiques éducatives au DSÉ
Patrick Giroux, professeur en technologies éducatives au DSÉ

Le 9 juin dernier, le Comité de pédagogie universitaire (CPU) tenait son dernier colloque annuel sur le thème « Des pratiques inspirantes pour rentabiliser notre temps et favoriser notre bien-être ». Pour l’occasion, 79 membres de la communauté universitaire, incluant principalement des professeur.es et des chargé.es de cours, se sont réunis afin de tourner une page importante de l’histoire de l’UQAC. Cet événement marquait la fin du CPU tel que nous le connaissons et sa transition vers une réelle structure d’accompagnement pédagogique, soit le Carrefour de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage. Dans ce contexte, nous souhaitons tracer un bref historique de la pédagogie universitaire à l’UQAC qui, telle une odyssée, a constitué un long voyage mouvementé depuis 20 ans…

La naissance d’une réflexion autour de la pédagogie universitaire à l’UQAC

Il y a 20 ans, Réjeanne Côté, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQAC, était invitée au deuxième colloque du Réseau international des centres de pédagogie universitaire (RICPU) regroupant des pays francophones, soit le Québec, la France, la Belgique, la Suisse et le Luxembourg. Deux ans plus tard, en 2003, après de multiples démarches au sein de notre institution pour expliquer sa vision de la pédagogie universitaire et une participation active au développement de l’enseignement dans le Réseau des universités du Québec, elle créait le CPU. Nous assistions alors à la naissance du premier comité institutionnel dédié à la pédagogie universitaire à l’UQAC, formé d’un.e représentant.e des chargé.es de cours et d’un.e professeur.e élu.e dans chaque département.

Définie par ses membres, la mission du CPU était de « susciter chez tout le personnel de l’UQAC un intérêt soutenu et une préoccupation constante pour la qualité de l’enseignement en développant une culture de l’enseignement » (Côté et Dion, 2007, p. 164). Cette mission découlait de la conviction partagée par les membres du CPU à l’effet que « la pédagogie, c’est l’affaire de tous »! Jusqu’à sa retraite en 2008, Réjeanne Côté a été à l’écoute des intérêts et des besoins des enseignant.es de l’UQAC, en favorisant le partage d’expériences et en encourageant les innovations pédagogiques au sein de notre institution. Par la suite, d’autres professeur.es ont, tour à tour, pris la responsabilité du CPU afin de promouvoir et de valoriser les bonnes pratiques pédagogiques à l’UQAC : Hélène Vézina (DSHS, 2008-2009), Jacques Ibarzabal (DSF, 2009-2014), Nicole Monney (DSÉ, 2014-2019) et Eve Pouliot (DSHS, 2019-2021). Au fil des ans, ces responsables ont été épaulés et inspirés par des conseillers et conseillères pédagogiques qui étaient aussi bien des professeur.es – Mustapha Fahmi et Nadia Cody – que des professionnel.les : Claudine Gagnon, Ève-Marie Lavoie, Éric Noël, Marie-Christine Dion et Alexandra Hébert.

À l’heure des bilans, force est de constater que le CPU a joué un rôle de catalyseur important dans le développement de la pédagogie universitaire à l’UQAC. Il est aujourd’hui constitué de représentant.es des différents services (Bibliothèque, SAE, SIE, STI), de deux chargé.es de cours, de deux conseillers pédagogiques et de huit professeur.es élu.es par les différents départements de l’UQAC. Depuis sa création, le CPU a tenu 145 réunions régulières et plus de 200 activités de formation, tout en organisant une douzaine de colloques sur des thématiques variées. Ces activités plus formelles ont été réalisées en parallèle à des initiatives de veille et d’accompagnement pédagogique, des réunions en sous-comités pour des initiatives ponctuelles, de même que des communautés d’apprentissage dont l’ampleur serait difficile à chiffrer.

Malgré toutes ses réalisations, le CPU a été confronté à des obstacles de taille, notamment en ce qui concerne l’absence de personnel de soutien et de local pour accueillir les enseignant.es et tenir ses activités, des ressources financières et matérielles très limitées, un roulement de personnel au sein de la direction de l’UQAC complexifiant la mise en œuvre d’actions concrètes pour faire avancer la pédagogie universitaire, ainsi que le manque d’arrimage avec d’autres services offerts dans l’institution. Par exemple, dès 2016, le Bureau de soutien technopédagogique (BST) a commencé à offrir des services en accompagnement technopédagogique et en formation à distance. Malgré une expertise reconnue au CPU concernant l’enseignement universitaire, la collaboration entre les deux entités a été difficile, voire absente. La présence de deux entités distinctes qui ne se coordonnaient pas en regard, notamment, de la vision, des objectifs poursuivis et des stratégies d’intervention, a ralenti considérablement le développement de la pédagogie universitaire à l’UQAC. Ce manque d’arrimage des services offerts a engendré différents problèmes, notamment le dédoublement de certaines formations, le manque de congruence et de continuité entre celles-ci et, surtout, la confusion chez les enseignant.es quant aux services dont ils et elles pouvaient bénéficier concernant la pédagogie universitaire à l’UQAC. Notons également que les professionnel.les engagé.es par le CPU ont été transféré.es au BST. Le CPU se retrouvait ainsi à la case de départ. Dans le contexte d’urgence de la pandémie, le BST a cédé la place au Centre de soutien à la prestation virtuelle (CPV), une entité qui, encore une fois, offrait des services aux enseignant.es, sans toutefois que les critères décisionnels, les motivations et les objectifs soient clairement pédagogiques. Au-delà des difficultés et des obstacles vécus, le projet d’un Centre de pédagogie universitaire est demeuré bien présent chez les membres du CPU, qui demeuraient convaincus que la création d’une telle structure permettrait de combler certaines lacunes en unifiant les services à la pédagogie universitaire à l’UQAC, qu’ils soient relatifs à la formation en pédagogie ou à l’enseignement en ligne. Après plusieurs années de travail de sensibilisation et de mobilisation, c’est avec fierté que nous assistons aujourd’hui à la naissance du Carrefour de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage.

Le Carrefour : une réelle structure d’accompagnement pédagogique

Né de la nécessité d’assurer un véritable leadership pédagogique à l’UQAC dans un esprit de collégialité, le Carrefour de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage intègre et réorganise le CPU, le BST et le CPV. Cette unité, qui dépend directement du vice-rectorat aux études, aura pour mission de soutenir le développement des compétences pédagogiques (incluant l’usage du numérique) des enseignant.es de notre institution, de soutenir l’innovation pédagogique, de faciliter la diffusion, l’intégration et la production du savoir scientifique dans ce domaine et de valoriser la pédagogie à l’UQAC. Au plan structurel, le Carrefour rassemble d’abord l’ensemble du personnel technique et pédagogique associé au CPU, au BST et au CPV, sous la coordination d’Éric Bergeron. Un directeur académique, Patrick Giroux, assure la direction de cette unité. Finalement, deux comités seront créés à l’automne 2021 pour compléter la structure. Le premier, un comité de coordination, sera formé en s’inspirant de l’ancienne structure du CPU, qui garantissait une bonne représentativité des enseignant.es tout en permettant des interactions avec les étudiant.es et les services. Ce comité devra orienter les actions du Carrefour, assurer la communication entre cette nouvelle unité et le reste de l’institution et collaborer avec l’équipe du Carrefour pour poursuivre le développement de la pédagogie universitaire à l’UQAC. Un comité exécutif, formé à l’intérieur du comité de coordination, complètera la structure.

Le mot de la fin… Un hommage à Réjeanne Côté

Le mot de la fin est destiné à Réjeanne, qui n’aura pas eu la chance de voir la concrétisation de son rêve.

Chère Réjeanne, la communauté de l’UQAC tient à te remercier d’avoir semé l’idée que l’enseignement universitaire méritait ses lettres de noblesse. En faisant de la pédagogie universitaire un objet de recherche et de réflexion, tu as contribué à la qualité de l’enseignement offert aux étudiant.es. Par tes convictions, tu nous as transmis la même passion et nous avons eu le courage de poursuivre ton odyssée. Tu auras posé la première pierre du Carrefour, les collègues auront construit les fondations et les membres du CPU de cette année auront déposé le toit. Merci Réjeanne.

Chers collègues, à nous maintenant de poursuivre le projet, de le garder en vie, de faire valoir nos expertises, d’innover et de garder la responsabilité de l’enseignement dans notre cour. Car, la pierre angulaire d’un bon cours restera toujours l’enseignant.e responsable.


Référence

Côté, R. et Dion, C. (2007). « La même cible : une réussite partagée entre les enseignants et les étudiants de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) », dans L. Langevin (Ed.), Formation et soutien à l’enseignement universitaire, PUQ, pp. 157-174.

La Correspondance

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