Commençons cette entrevue par LA question: Qui es-tu Vincent Adombi? Sur quoi travailles-tu?
Je suis Vincent Adombi, professeur d’hydrologie au département des sciences appliquées. Mon parcours universitaire est marqué par une formation en ingénierie (au sens non québécois du terme, si l’OIQ passait par ici 😊) des ressources en eau et par une spécialisation en intelligence artificielle appliquée à ce domaine. Après avoir obtenu un double diplôme d’ingénieur en « gestion des ressources en eau et environnement » à l’École Nationale Supérieure de Géologie (France) et à l’Institut National Polytechnique Felix-Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire), j’ai poursuivi un doctorat à l’Université du Québec à Chicoutimi. Mes recherches portent sur le développement de modèles d’intelligence artificielle scientifique appliqués à la gestion des ressources en eau, avec un focus sur la compréhension des relations causales dans ces systèmes complexes.
Un sujet d’actualité et une approche intéressante! Je vois que tu n’as pas eu une trajectoire rectiligne… Quelles sont les déviations les plus inattendues que tu as empruntées dans ta carrière?
Les déviations les plus inattendues de ma « carrière » ont été guidées par un intérêt constant pour les calculs et l’informatique — « informatique », c’est un peu vague, mais cette polyvalence fait tout son attrait. Ces disciplines ont toujours occupé une place centrale, ce qui m’a naturellement conduit à une spécialité BCPST (Biologie Chimie Physique Sciences de la Terre) en classes préparatoires, l’équivalent d’un baccalauréat accéléré permettant d’approfondir ces sujets. Toutefois, en rejoignant la filière d’ingénierie de l’eau, il est rapidement devenu évident que les enjeux en calculs et en programmation étaient moins présents à mesure que le cursus avançait.
C’est au cours d’un stage universitaire à Nantes (France) qu’un tournant s’est produit. Mon superviseur de stage m’a permis de redécouvrir l’hydrogéologie, ravivant l’enthousiasme initial. Cet intérêt renouvelé m’a conduit à une spécialisation en « hydro-informatique », même si cette spécialisation n’existait pas officiellement dans l’école. La décision a été prise de choisir des stages/spécialisations combinant hydrogéologie et informatique, offrant ainsi l’opportunité de rester fidèle à mes intérêts tout en développant une expertise adaptée. Cette déviation a été décisive, ouvrant la voie vers un doctorat en intelligence artificielle appliquée aux sciences de l’eau.
Tu es là où le courant t’a porté donc! Concrètement, aujourd’hui, qu’est-ce que tu fais de vraiment original, en dehors du travail par exemple?
Cela peut sembler peu original, mais en dehors du travail, une grande partie de mon temps libre est consacrée à la musique. Composer des mélodies et des morceaux instrumentaux, souvent avec des rythmes proches de 135 BPM (une petite obsession rythmique !), est un réel intérêt. Les influences viennent principalement des genres musicaux de Côte d’Ivoire, ainsi que du néo soul et du folk nigérian. Tout se fait sur ordinateur, ce qui permet de jouer d’une multitude d’instruments sans en posséder réellement, ce qui est intéressant dans une certaine mesure.
Je pense que l’on aimerait tous et toutes entendre le fruit de cette créativité un jour! Maintenant une question plus délicate: Quel est le plus grand défi que tu as eu à relever dans ton travail?
Le plus grand défi a été de canaliser une curiosité incessante et un besoin constant d’explorer de nouveaux horizons dans mes centres d’intérêt restreints. Avec des intérêts qui oscillent entre l’ingénierie des données, le data science, l’apprentissage machine quantique, ou encore les techniques comme l’apprentissage machine graphique, il est facile de se disperser. Ce désir de tout maîtriser peut-être à la fois une force et une faiblesse. S’il permet de rester constamment à l’affût des dernières avancées et d’élargir ses compétences, il complique aussi la capacité à se concentrer sur un seul sujet ou projet à la fois. L’enjeu consiste donc à trouver un équilibre, en privilégiant parfois la routine, mais sans s’y enfermer, pour réussir à avancer de manière cohérente et productive.
Ce n’est certes pas toujours facile. En terminant: Quel est ton rêve ou un de tes projets dans la vie ?
L’un de mes rêves serait de lancer un projet d’agriculture urbaine participative. Plus qu’un simple jardin communautaire, il s’agirait d’un lieu où les gens pourraient apprendre les techniques de jardinage écologique, le compostage et même comment cuisiner avec les produits récoltés.
Parallèlement, j’ai la volonté de créer un programme de mentorat pour les jeunes en difficulté, leur permettant de développer une variété de compétences créatives et techniques, dans des métiers manuels tels que la cuisine et la menuiserie. Il s’agirait d’un espace d’exploration où les jeunes pourraient découvrir leurs aspirations, gagner en confiance et se projeter vers de nouvelles perspectives.
Intéressant! Deux projets réalisables je pense. Merci beaucoup pour cette entrevue, Vincent, et bonne chance pour réaliser tes rêves!