Comprendre et transformer l’humain en société
Introduction
Ce numéro de Correspondance est né spontanément, porté par l’enthousiasme suscité lors de la journée des sciences humaines et sociales organisée le 20 septembre dernier par quelques collègues du Département des sciences humaines et sociales de l’UQAC.
Dans un contexte où les sciences humaines et sociales voient leur part de financement diminuer, particulièrement pour la recherche fondamentale, au profit de projets jugés plus directement « utiles » pour les priorités gouvernementales, la réflexion s’impose. Également, au Canada comme ailleurs, plusieurs programmes universitaires disparaissent ou peinent à se maintenir. On se souvient notamment des sciences humaines sacrifiées lors des récentes coupures à l’Université Laurentienne. Également, au Japon, il y a quelques années, une vision très étroite de l’université visait à abolir les départements de sciences humaines dans plusieurs institutions au pays. Ces tendances suscitent une inquiétude légitime : que deviendront nos capacités collectives à analyser et comprendre les enjeux complexes de nos sociétés si ces disciplines sont reléguées, au mieux, au second plan ?
Face à ces défis, ce numéro met en lumière non seulement les apports essentiels des sciences humaines et sociales, mais aussi leur rôle critique pour penser le monde contemporain et imaginer un avenir collectif plus éclairé. Quatre textes composent ce numéro.
Dans le premier article, intitulé « Sciences humaines et sociales : bâtir des ponts, révéler des horizons », Vincent Lecours revient sur la Journée des sciences humaines et sociales de l’UQAC, un événement fédérateur ayant mis en lumière les travaux des étudiant(e)s et chercheur(e)s, tout en renforçant le lien entre disciplines, institution et communauté. Le succès de cette initiative inspire à en faire un rendez-vous annuel.
Dans « Les sciences humaines et sociales : essentielles et engagées. Un plaidoyer des professeurs de l’UQAC », plusieurs professeur·e·s du Département des sciences humaines et sociales réfléchissent collectivement sur l’importance et l’avenir de leurs disciplines. Une table-ronde, animée par Julie Fortin et Catherine Flynn, rassemble Étienne Roy-Grégoire, Alexandre Dubé et Marie Fall, offrant un regard critique et stimulant sur les conditions de rayonnement des sciences humaines et sociales dans le contexte universitaire contemporain.
Le troisième texte, « Rôle des sciences humaines et sociales au 21ème siècle » est proposé par Marie Fall et met en lumière l’importance de ces disciplines pour comprendre les dynamiques mondiales et locales, tout en proposant des pistes pour valoriser ces disciplines à l’UQAC. Marie Fall rappelle leur rôle essentiel dans le dialogue entre le particulier et l’universel, et leur transversalité dans les savoirs scientifiques.
Finalement, Frantz Siméon, dans son article intitulé « Et si les sciences “dures” n’étaient pas si dures que cela sans les sciences “molles”? », explore la complémentarité entre les sciences exactes et les sciences humaines et sociales. Il illustre avec humour et réflexion comment les notions d’exactitude mathématique s’effacent parfois face à la complexité du réel, plaidant ainsi pour un dialogue entre ces deux approches afin d’offrir une compréhension globale et nuancée du monde.
Loin de se limiter à un simple compte-rendu de la journée des sciences humaines, ce numéro propose ainsi des textes qui, chacun à leur manière, explorent les complémentarités, les spécificités et les contributions indispensables des sciences humaines et sociales au monde contemporain.
Bonne lecture!
Jacques Cherblanc
Éditeur de Correspondance, le journal des profs de l’UQAC