Qui es-tu?

Qui es-tu Michaël Bertrand-Charette?

Michaël Bertrand-Charette, professeur de physiothérapie au Département des sciences de la santé

Correspondance: Commençons avec la fameuse question d’introduction : qui es-tu Michaël Bertand-Charette ?
Michaël Bertrand-Charette: Qui suis-je ? C’est la question d’une vie n’est-ce pas ?

En effet! Disons pour commencer: tu travailles sur quoi?
Professionnellement, je suis physiothérapeute de formation et je travaille aussi à temps très partiel en clinique privé (donc « physio croyant et pratiquant » comme j’aime le dire à mes patients). Je suis aussi professeur substitut en physiothérapie à l’UQAC depuis décembre 2022, mais j’étais déjà chargé de cours au sein du programme depuis 2019. Enfin, je suis aussi chercheur dans le domaine de la réadaptation neuro-musculosquelettique. J’ai obtenu mon PhD à l’Université Laval en 2022 après avoir étudié l’interaction entre la douleur, le contrôle moteur et le sens proprioceptif (sens de la position et du mouvement). J’ai ensuite poursuivi au postdoctorat à l’UQAC sous la supervision de Louis-David Beaulieu et de Rubens A. da Silva avant d’obtenir le poste de professeur substitut.

Super. Et en dehors du travail, que fais-tu ?
J’aime bien profiter du temps avec mes proches et mes amis pour aller marcher ou simplement pour discuter. Je tente aussi de me garder un minimum actif en jouant au tennis, en faisant du yoga ou en allant courir avec mes collègues sur l’heure du dîner. Outre cela, j’essaie, lorsque possible, de voyager le plus possible pour découvrir de nouvelles places ou de nouvelles cultures. Je ne suis pas à plaindre quant au nombre de villes que j’ai eu la chance de visiter, mais il me reste encore beaucoup d’endroits à visiter dans ma to-do list personnelle.

Parfait. Une question plus difficile: quel est le plus grand défi que tu as eu à relever dans ton travail?
Apprendre à dire non…

Eh! Que ce n’est pas facile en effet! Et tu n’es pas le seul à le dire en ce moment!
Sans doute… En arrivant en poste, plusieurs opportunités se présentent et il est facile d’en prendre trop. Entre les cours, la recherche et les opportunités de congrès, de publication ou d’implications, il est facile de s’y perdre et de se coucher à des heures de fou. Malheureusement, « on n’a pu 20 ans ! » J’essaye donc d’avoir une bonne hygiène de vie pour me permettre d’offrir mon meilleur dans ce que j’entreprends, ce qui implique de devoir faire des choix.

Avec le recul, est-ce qu’il y a des choses que tu regrettes, ou que tu aurais faites différemment?
Je n’irais pas jusqu’à parler de « regret », mais je crois qu’avoir su plus tôt que je me dirigeais vers une carrière en recherche, j’aurais probablement fait des choix différents dans les thématiques que j’ai étudiées au début de mon parcours; ou j’aurais peut-être opté pour faire mes études dans différents milieux pour aller chercher plus de variétés dans les compétences que j’ai acquises durant ma formation.

OK, merci. Jusqu’à présent, est-ce qu’il y a des choses que tu n’as pas pu faire?
En début de carrière comme présentement… plusieurs choses! Dès l’obtention d’un poste régulier, j’aimerais obtenir ma première subvention d’un organisme de subvention canadien ou au minimum provincial. Par la suite, j’aimerais développer des collaborations internationales pour contribuer significativement au domaine de la recherche en réadaptation. En lien avec la deuxième partie de la question, j’espère être capable d’ici ma retraite, mais je ne stresse pas avec ça. J’ai encore beaucoup de temps avant cela.

De façon plus positive maintenant: de quoi es-tu le plus fier?
Je crois que dans le domaine professionnel, c’est d’être capable de jongler entre l’enseignement, la recherche et la pratique clinique. Même si je ne pratique que quelques heures par semaine, je juge que c’est important de garder cet aspect-là pour bonifier les projets de recherche dans lesquels je m’investis. Non seulement cela me donne d’excellentes histoires cliniques à partager en classe, mais cela me permet de garder en tête la « vision patient » et les limites du milieu clinique dans ce que j’entreprends. Finalement, le transfert de connaissances vers le milieu clinique est un but en recherche pour que ce sur quoi nous travaillons fort soit utilisé.

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“C’est important de garder la pratique clinique pour bonifier les projets de recherche”

À l’inverse à présent: quels commentaires ou refus (de demande publication, de subvention, etc.) ont été pour toi les plus énervants?
Dans une recension systématique que j’avais proposée à une revue savante, l’éditeur et une reviewer (qui était sa stagiaire postdoctorale au moment de la révision) de cette revue étaient cités dans un article inclus dans la recension. J’ai eu la forte impression que deux des commentaires formulés par la reviewer (qui s’était nommée) visaient à mettre de l’avant leur propre article, comme étant révolutionnaire et unique. Ayant refusé poliment de le faire (en citant des extraits de leur article qui nous donnaient raison), notre article a finalement été refusé, après deux tours de révision, sous prétexte qu’on ne se conformait pas aux demandes de la reviewer… Bref, assez énervant… mais nous avons soumis ailleurs et la recension a été acceptée relativement facilement.

Avant-dernière question: quels sont les hasards ou les chances auxquelles tu dois les plus belles orientations/réalisations dans ton travail?
Avoir approché un professeur de physiothérapie en 2e année de baccalauréat pour un stage de recherche. Je n’ai pas eu le stage, mais ce professeur m’a mis en contact avec son étudiant gradué pour que je puisse poser des questions. Sans le savoir, le professeur venait de me mettre en contact avec la personne qui a été mon superviseur de stage postdoctoral plus de 10 ans après cet évènement. Sacré hasard, mais je dois beaucoup à Louis-David pour cela!

Pour terminer, une question qui peut éclairer tout prof qui souhaite aider ses étudiants: qu’est-ce que tu aurais aimé qu’on te dise au début de tes études ?
Profites-en au maximum et vis pleinement le moment présent. Les études sont le meilleur moment pour faire des stages à l’étranger, pour profiter des avantages étudiants, tout en ayant un « travail » qui est notre projet de recherche et pour vivre de très belles expériences en recherche, mais aussi de développer de belles amitiés qui seront utiles et enrichissantes pour la suite. Avec un peu de recul, je me souviens à quel point j’avais hâte d’avoir mon diplôme. Ne vous méprenez pas, j’en ai profité, mais j’aurais probablement pu apprécier le moment présent encore plus.

Il me reste à te remercier, Michaël et à te souhaiter une longue et fructueuse carrière… et d’agréables voyages!
Merci!