Qui es-tu?

Qui es-tu Damien Brun ?

Damien Brun, professeur d’informatique au Département d’informatique et de mathématique

Correspondance : Bonjour Damien. Peux-tu nous présenter tout d’abord brièvement ton parcours universitaire : sur quoi travailles-tu ?
Damien Brun : J’ai réalisé un doctorat en informatique cognitive (un programme conjoint entre la TÉLUQ et l’UQAM) et un doctorat d’informatique (à l’Université Le Mans). Durant cette période, j’ai commencé à aborder le domaine pluridisciplinaire des interactions humain-machine ; en particulier, concevoir et étudier des interfaces pour l’informatique spatiale (réalité augmentée, mixte et virtuelle). Et aujourd’hui, c’est ce que je continue de faire ! Mais entre temps, j’ai réalisé un postdoc à l’Université de Laponie, au nord de la Finlande (sur le cercle polaire) à Rovaniemi (ville du père Noël, le vrai, si, si, je te dis que c’est le vrai, je l’ai vu, je lui ai parlé). Dans cette institution, j’étais affecté à la faculté d’art et design où j’ai pu réaliser d’autres types de projets (néanmoins toujours sous le spectre de l’interaction humain-machine), comme des perruques interactives, des écrans flexibles transparents à bas coûts et des artefacts inspirés de la science-fiction.

Intéressant ! Je vois que tu as passablement voyagé. À ce sujet, quelles sont les routes et déviations les plus inattendues que tu as empruntées dans ta carrière ?
Je te dirais que ma vie est une succession de déviations inattendues ! Après le secondaire, j’ai travaillé deux ans comme vendeur dans une boulangerie-pâtisserie (ancienne entreprise familiale de génération en génération depuis 1928), puis deux ans dans une usine de pâtisserie biologique (une évolution de l’entreprise familiale), officiellement, en tant qu’assistant de gestion, officieusement en humain à tout (ou rien) faire. Ensuite, je suis parti vivre à l’étranger pendant une année (en Australie, pour apprendre l’anglais, et soyons honnête, maintenant je peux le dire, aussi pour faire la fête), et au retour j’ai travaillé une année dans l’import-export de fruits et légumes, puis aujourd’hui, je suis au Saguenay, professeur régulier en informatique… « Pardon ? Comment en est-on arrivé ici ? On y vient. »

Des perruques interactives
Des perruques interactives pour un hackathon mélangeant danse et technologies

Oui, j’avoue que, résumé ainsi, cela donne une trajectoire euh… riche et variée ! Tout cela doit être en bonne partie le fruit de hasards et d’opportunités… Quelles sont les chances auxquelles tu dois les plus belles orientations dans ton travail ?
Lors de mes études en management des organisations, j’ai rencontré une « humaine » qui venait d’un cursus en informatique, je me suis dit, je suis geek et j’aime vraiment ça, alors je vais tenter le chemin contraire : partir des sciences humaines pour étudier en informatique. (Cela a fonctionné.)
Plus tard, lors de ma maîtrise en ingénierie des applications mobiles, j’ai rencontré deux doctorantes (dans des domaines différents du mien, en neuroscience et littérature), toutes deux extrêmement intéressantes et inspirantes, je me suis dit : je veux faire comme elles et réaliser un doctorat. (Cela a fonctionné.)

OK, donc des rencontres inspirantes et un goût de l’aventure… Je commence à cerner le personnage ! Au cours de tes expériences de vie, que t’est-il arrivé de plus inattendu ?
Récemment, je devais partir vivre en Argentine (pour apprendre l’espagnol, et soyons honnête, maintenant je peux le dire, aussi pour faire la fête), puis juste avant de commencer les démarches du permis (de vacances-travail), j’ai eu vent de postes de professeur ouverts ici, au Saguenay, et bref… changement de destination.

En effet : de l’Argentine au Canada, de la fête au dur labeur… tu es un homme de sacrifices !
Je ne l’aurais pas mieux dit !

Si on se concentre donc sur le travail, de quoi es-tu le plus fier ?
Je suis particulièrement fier de la conception d’un clavier cubique. J’aime à le penser original. Je ne sais pas pourquoi, je l’aime toujours ce projet, même si franchement, c’est juste un bidule pour saisir du texte. Aujourd’hui, mes étudiants travaillent dessus, le font évoluer et semblent s’amuser autant que moi à leur époque, c’est vraiment exaltant.

Clavier cubique ouvert
Dans les entrailles du clavier cubique déstructuré

Un clavier cubique… j’avoue que ça suscite la curiosité. Cela doit comprendre son lot de défis. En rencontres-tu régulièrement, des défis justement ?
Mon principal défi demeure de faire bouger les gens au travail. C’est au cœur de mes recherches. Je souhaite fortement faire ma part pour casser notre sédentarité. J’y travaille par la conception de nouvelles interfaces, plus mobilisatrices.

Beau projet ! Je connais des collègues en sciences de la santé qui pourraient te contacter prochainement !
Ce sera avec plaisir. Plus on est de fous…

Ton travail a l’air complexe tout de même. Comment expliques-tu ce que tu fais, disons à tes amis non-universitaires ?
À la blague (mais pas tant que ça !), je te répondrais que je les invite : « Est-ce que tu veux participer à une expérimentation ? » Je peux également insister « Tu verras, c’est amusant. » Et très souvent essayer de les rassurer : « Non, mais non, je t’assure que ce ne sera pas comme la dernière fois… »

Ha ha ha ! Je vois ! J’ai des images de certaines BD et de dessins animés en tête !
Je ne vois pas du tout à quoi tu fais allusion…

Lunettes de réalité mixte

Bon, très bien! Alors revenons-en à mes questions. Jusqu’à présent, est-ce qu’il y a des choses que tu n’as pas pu faire, mais que tu aurais voulu faire ? Si oui, penses-tu pouvoir les réaliser avant la retraite ?
Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, et oui, je les réaliserai toutes, TOUTES !

Beau projet de vie ! À l’inverse, avec le recul, est-ce qu’il y a des choses que tu regrettes, ou que tu aurais faites différemment ?
Je n’ai pas vraiment de regrets, j’aime bien l’idée d’être le meilleur résultat de mes échecs.

Parole pleine de sagesse. Et en même temps, très scientifique !
C’est tout moi !

Avec la modestie en plus ! Plus sérieusement, est-ce que tu rencontres des difficultés en ce début de carrière c’est-à-dire actuellement ?
Honnêtement, j’ai le sentiment d’être entouré d’une armée de collègues bienveillants qui me font disparaître la moindre difficulté.

Super ça. Comment penses-tu que tes collègues te perçoivent ?
En un mot : enjoué.

Et comment aimerais-tu être perçu ?
Enjoué !

Merveilleux, tu n’as donc plus de défi de ce côté-là !
C’est au moins ça de réglé !

Exact. Plus globalement, qu’est-ce que tu trouves de plus jouissif dans ton travail ?
La liberté.

OK, veux-tu préciser ?
J’ai donc la liberté de pouvoir préciser ? Merci, très cher.
Concrètement et simplement, elle se manifeste dans la manière de m’organiser, par les approches pédagogiques dans mes cours, par les participations à des comités dont je suis sensible au sujet, par l’exploration intellectuelle et les collaborations liées aux divers projets de recherche et création. Finalement, elle est relativement partout, du moins, où l’on veut la voir ! Enfin, et pas des moindres, cette liberté vient de se manifester dans mes réponses avec cette entrevue du journal Correspondance ! Personne ne m’a forcé à dire quoique ce soit, je vous le jure.

Merci de le préciser Damien! Tu auras donc la vie sauve. Finalement, pour clore cette entrevue, peux-tu me dire quelques mots qui résument ce que tu fais au juste à l’UQAC ?
Je prends du plaisir, et toi ?

Grâce à toi, lors de cette entrevue, oui ! Merci !
Merci pour l’exercice !