Correspondance, n.f.

Correspondance est un nom féminin qui recouvre essentiellement trois significations dans le langage courant.

La correspondance évoque tout d’abord l’idée d’une analogie, d’une relation affinitaire, d’une conformité entre deux ou plusieurs choses. C’est ainsi que lorsque plusieurs phénomènes “vont bien” ensemble, s’accordent, s’harmonisent et se complètent, on peut dire qu’ils correspondent bien les uns avec les autres. On pourrait dire que c’est la correspondance dans le sens des pièces composant le mécanisme complexe d’une machine ou d’un être vivant : chaque élément, pourtant différent, correspond avec les autres et participe du mécanisme global. Il y affinité entre les formes: elles sont con-formes, elles correspondent.

Le fait de noter cette correspondance permet d’assembler, de relier, donc de tisser des liens. Ce tissage permet dans le même mouvement de comprendre les interrelations, de prendre conscience de l’existence de points communs, de similitudes aux points de contact des éléments qui apparaissaient pourtant différents, distincts à l’origine. Cette correspondance peut se produire en observant attentivement les mécanismes d’une horloge ou en étudiant précisément les phénomènes naturels. La correspondance peut aussi être constatée dans le domaine des idées, des préoccupations, des rêves, etc. On peut retrouver cette correspondance des goûts et des idées dans un couple par exemple. Sans être identiques, des personnes peuvent bien correspondre par leur projet, leur idéal, etc. On peut aussi retrouver cette correspondance entre les membres d’une communauté, d’une organisation voire d’une institution.

La correspondance peut même être découverte entre les personnes et leur institution: quand on entre en résonance avec l’organisation pour laquelle on travaille, on peut dire que notre travail fait sens, qu’il nous correspond. Constater une telle correspondance (conformité) entre ses valeurs personnelles et celles de l’organisation apparaît ainsi correspondre (répondre en retour) à un idéal. La correspondance apparaît donc en ce sens comme un processus de communication et d’harmonisation progressive des éléments entre eux, des choses et des idées, des valeurs et des gestes, etc. Cette correspondance permet à chacun de trouver sa place, en cohérence avec les autres.

La correspondance renvoie aussi à l’échange écrit qui peut exister entre deux ou plusieurs personnes. On parle alors d’entretenir une correspondance avec une amie, un confrère, un membre de la famille, etc. La correspondance était traditionnellement épistolaire et a pu, peu à peu, devenir numérique. Il n’y a pas de règles dans la correspondance: on peut répondre au courrier d’une personne sitôt la lettre ou le courriel reçu. On peut aussi parfois laisser de longs mois s’écouler sans entretenir cette correspondance. Pour autant, celle-ci demeure: c’est un processus qui se déroule sur le temps long. Si l’on correspond avec quelqu’un, c’est le plus souvent parce qu’il s’agit d’une personne éloignée physiquement, mais avec laquelle on a certaines affinités; avec qui on correspond donc doublement. Les protagonistes de cet échange se nomment des correspondants. Par extension, on nomme également ainsi les personnes qui font parvenir des nouvelles (d’un lieu, d’un secteur) à un média: le correspondant d’un journal à New-York par exemple.

La correspondance est également cet entre-deux, cette pause dans une trajectoire, qui consiste à changer de moyen ou de ligne de transport pour se rendre à destination. Cette correspondance concerne ainsi le changement d’avion, de train ou de bus qu’il s’agit de réaliser pour poursuivre dans la direction que nous avons choisie au départ. On parle alors de correspondance pour qualifier à la fois la situation de transition dans laquelle on se trouve (être en correspondance), mais aussi le moyen de transport attendu (prendre une correspondance) et parfois pour nommer le titre de transport (un billet permettant le transfert de bus par exemple). Dans ce sens, la correspondance est à la fois un non-lieu et son contraire, c’est-à-dire un phénomène éminemment identitaire puisqu’il représente un point, un moment, un véhicule ou un objet particulier sur une trajectoire choisie, qui doit mener vers un but préétabli. La correspondance est ce changement de trajectoire qui permet de s’y rendre. Et le billet de correspondance donne le droit d’y prendre place.

Ces trois sens finalement correspondent entre eux. Et avec l'idée de ce que peut être le journal des professeur.e.s de l'UQAC. 

Jacques Cherblanc, PhD
Département des sciences humaines et sociales
Responsable du Journal des profs de l’UQAC