Qui es-tu?

Qui es-tu Yann Zoldan?

Correspondance: Commençons avec la principale question: Qui es-tu ?

Yann Zoldan: Si j’avais la réponse, serais-je devenu psychologue? Des années de psychanalyse et toujours aucune réponse… 
C’est tout de même une belle question, alors je m’essaie : 
Je suis Yann Zoldan, psychologue, professeur de psychologie au département des Sciences de la santé. Nouvellement Saguenéen, ancien Montréalais, ancien Toulousain. L’université, c’est pour moi, les révoltes libertaires des premières années universitaires, les débats, les idées, la transmission des savoirs et passions. C’est une drôle de maison faite de discordes et de contradictions mais souvent accueillante et bienveillante. 

Plutôt que qui tu es, je devrais peut-être te demander: Qu’est-ce que tu fais dans la vie, Yann Zoldan?

Je suis psychologue: j’ai été formé aux psychothérapies humanistes et existentielles, psychanalytiques ainsi qu’aux approches transculturelles et affirmatives. Mes expériences cliniques sont auprès des personnes adultes et adolescentes, survivantes de traumas, autrices et victimes de violences et plus largement les populations marginalisées et issues des diversités culturelles et minorités sexuelles et de genre. 

J’enseigne les approches psychanalytiques, humanistes/existentielles ainsi que la consultation et la supervision. Ce sont des cours assez transversaux qui permettent de présenter les différents aspects du métier de psychologue et d’aborder à la fois l’histoire, les concepts et la pratique clinique. 

Mes intérêts de recherche concernent la pratique clinique auprès des populations marginalisées et issues des diversités culturelles ainsi que la prévention de la violence et des discriminations. J’utilise des méthodes de recherche qualitative, critique et en partenariat avec les communautés. Je suis un peu un qualitativiste radical (ou radicalisé) : je m’intéresse plus à l’unique qu’au commun en me centrant sur l’expérience (inter)subjective. 

Et en dehors du travail, qu’est-ce que tu fais?

Je m’occupe de ma petite ménagerie, 3 chats et 2 chiens, et quand la météo le permet, je découvre les paysages du Saguenay en moto. J’aime cuisiner des plats véganes et découvrir de nouvelles recettes surtout en voyageant. J’ai un faible pour la cuisine du Moyen-Orient, le houmous étant l’une de mes principales dépendances.

Quand la météo le permet, je découvre les paysages du Saguenay en moto.


Jusqu’à présent, quel est ou a été le plus grand défi que tu as eu à relever?

Les oiseaux de mauvais augure à l’université! Je me souviens, dès la première année en psychologie, ils nous disaient d’être réalistes et de renoncer à beaucoup de nos rêves. Pour la petite histoire, ma première université c’était Paris X – Nanterre et l’un des slogans était «Nanterre pas tes rêves!». Alors année après année je les entendais nous avertir: la maîtrise c’est extrêmement difficile, la sélection y est drastique, le doctorat impossible, le postdoctorat à l’étranger inimaginable… Le défi était d’être assez irraisonnable pour préférer ces rêves aux angoisses de la réalité. On pourrait le dire autrement: savoir conservé sa part de folie. Je crois que c’est un réel défi de la psychologie, il y a parfois un fond mélancolique et pessimiste qui pousse à trop de contrôle et de régulation des désirs. Je suis pour réenchanter la psychologie et y laisser plus de liberté, d’inclusion et d’optimisme. 

Et de quoi es-tu le plus fier dans ton travail?

Transmettre ma passion pour la rencontre clinique, et penser avec les étudiant·e·s comment bâtir cette hospitalité nécessaire pour accueillir les souffrances et difficultés liées à notre condition humaine. Cela me rend fier de participer à former les générations de demain qui proposeront une approche non stigmatisante, humaine et émancipatrice des soins en santé mentale. Je trouve que les étudiant·e·s ont cette belle ouverture pour penser les approches émancipatrices et inclusives et lorsque je sens qu’ils trouvent mes enseignements utiles, cela me rend fier. 

Yann Zoldan, lors d’une formation avec le Canadian Practitioners Network for the Prevention of Radicalization and Extremist Violence (CPN-PREV), avec Paola Porcelli et Ghayda Hassan


Quels événements de ta carrière ont été les plus inattendus?

Venir au Québec! Un bel imprévu, je cherchais à faire un postdoc en psychologie critique et j’ai suivi de bons conseils, ceux d’aller voir du côté de Montréal !

Qu’est-ce que tu appréhendes le plus au cours des prochaines années?

J’espère pouvoir toujours m’amuser dans mon travail, prendre du plaisir à enseigner, monter des nouvelles recherches et rester curieux du monde qui nous entoure. 
Je suis parfois inquiet du lien social qui s’effiloche, et l’université, bien qu’étant un milieu protégé, est elle aussi traversée par ces tensions. Je suis tout de même plein d’espoir car l’université comme institution critique est à même de proposer des solutions pour plus de justice sociale. 

Merci beaucoup Yann pour cette rencontre!

One thought on “Qui es-tu Yann Zoldan?

  1. Merci, Yann, pour cette belle et agréable rencontre que tu nous donnes de vivre avec toi. Celle-ci s’inscrit dans le droit fil d’une expérience de collaboration vécue avec toi à l’UQAC que je conserverai toujours très agréablement en mémoire …

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