Martin Lavallière, professeur de kinésiologie au Département des sciences de la santé

Nous sommes les meilleurs au Québec ! Les meilleurs sur le peu reluisant palmarès de la conduite avec facultés affaiblies par habitant !

À la Ville de Saguenay, depuis plusieurs années, les infractions liées à la conduite automobile avec les capacités affaiblies par l’alcool restent relativement stables et élevées. En moyenne, chaque année depuis 2014, le service de police comptabilise plus de 250 infractions de ce type. Et pourtant, la coercition est présente, la Police est partout ! La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est l’une des régions du Québec où les conducteurs mentionnent le plus avoir vu des barrages routiers pour lutter contre les capacités affaiblies. Par exemple, en 2019, c’est 53 barrages qui ont été réalisés sur le territoire de la Ville de Saguenay. C’est plus de 5 200 véhicules (donc de conducteurs) qui ont été évalués. C’est en décembre (1 715) et lors de la période estivale de juillet et août (1 145) que le plus de conducteurs sont interpellés lors de barrages routiers.

« Mononcle », tu as surement même croisé les actions concertées entre le Service de police de Saguenay, la Sureté du Québec et Contrôle routier Québec dans les derniers jours à l’approche du temps des fêtes. Le Service de police de Saguenay diffuse même dans les médias locaux toutes les arrestations faites à ce sujet. On y lit que c’est souvent la population qui dénonce elle-même ces conducteurs éméchés aux forces de l’ordre. Nous ne tolérons plus de tels comportements qui ont pourtant été les mythes forts de la région : traverser le Parc des Laurentides au volant d’un rutilant wagon brun, sans ceinture de sécurité, la (voire les!) bière tablette entre les jambes !

Il faut que ça cesse. Mais toi, tu y tiens mordicus à ton verre de trop avant de prendre le volant.

Même tes enfants qui accèdent actuellement à la conduite le savent que c’est la pire des idées. C’est placardé partout dans la région. Dans les écoles, tes enfants sont sensibilisés aux diverses conséquences de la consommation du cannabis et d’autres drogues ou de la conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool. Ils ont même eu la chance d’assister à la pièce de Théâtre IMPACT qui implique des gens du milieu de la santé, de la sécurité publique et des étudiants afin de montrer les conséquences de tels comportements à leurs pairs. Eux, ils ont compris le message. On déploie même des mesures lors des avants-bals afin que les étudiants ne partent pas avec les capacités affaiblies par l’alcool ou les drogues, en voiture et même à pied. Et ça marche.

Il existe des alternatives à ce temps-ci de l’année: tu peux prendre un taxi, et même Opération Nez Rouge. Je t’entends déjà : « Oui, mais le taxi c’est cher ! ». Non ce n’est pas cher comparativement au 1 750$ d’une première infraction pour conduite avec les capacités affaiblies et des frais indirects, en plus de perdre ton permis pour 90 jours et peut-être même ta voiture. Tu oublies, mais matante a aussi besoin de cette auto pour aller travailler.

Mais ton problème à toi de conduire après avoir bu, ce n’est pas juste durant la féérie des fêtes ! On essaie fort, mais on n’arrive pas toujours à t’empêcher de partir. Certains laissent même partir leur proche et tentent de prendre leur place une fois arrêtés par les policiers. Et pourtant, si cette personne était déjà sous la limite légale d’alcool dans le sang, elle aurait pu conduire légalement (je dis bien légalement, car ça n’aurait pas nécessairement été sécuritaire de le faire pour aucun de nos 2 conducteurs). Pourquoi n’arrivons-nous pas à faire cesser cela ? Pourquoi est-ce que tu continues ?

Tu veux que ton auto soit à la maison quand tu te réveilleras avec ton mal de bloc carabiné? Couche sur place. Ou rends-toi simplement à tes partys sans ta voiture. Tu seras moins à risque de repartir avec si elle n’est pas à portée de main.

Tu peux aussi te trouver un conducteur désigné. Certains bars, en collaboration avec divers corps de police, ont innové dans ce sens : payer les consommations sans alcool du conducteur désigné afin que le choix que cette personne fait pour la sécurité de ses comparses soit récompensé par une soirée de consommation sans alcool et surtout, sans dépenses.

Et pour contrer tout cela, une consommation avec modération est aussi plus sage. Des trucs aussi simples que réduire la taille des verres dans lesquels on boit notre vin peut nous permettre de réduire notre consommation totale. Fais donc pareil.

La meilleure alternative demeura tout de même de ne pas boire avant de prendre le volant, mononcle. Tu ne pourras pas te tromper. Ne prends pas le risque de « calculer » ce que tu as le droit de boire avant de partir trop éméché. Facile: ne bois pas. Mais tu ne m’écouteras probablement pas. Tu n’es pas rendu là tu me diras, je m’en doute bien. Mais toute la famille s’en fait pour toi: ta femme, tes enfants…

« Mononcle, arrête de boire et de conduire après ! »